Salah Abdeslam n’est-il muet que devant les juges d’instruction ? Le Molenbeekois, placé à l’isolement dans la prison de Fleury-Mérogis, a eu une courte conversation avec un autre détenu, indique le ministère de la Justice, confirmant une information de BFM TV. Les deux hommes, qui sont au même étage, seraient parvenus à communiquer quelques minutes en criant à travers le couloir. Le détenu a été changé de cellule pour éviter que des liens se nouent, comme le prévoit la procédure en vigueur. "Si un nouvel incident se produit, nous déplacerons à nouveau le détenu", précise la Chancellerie.
Salah Abdeslam et son interlocuteur auraient échangé sur l’attaque de deux surveillants pénitentiaires à la prison d’Osny, début septembre. Les agents avaient été grièvement blessés par un jeune détenu radicalisé qui est parvenu à se fabriquer un poinçon dans sa cellule. Comme d’autres détenus radicalisés, Salah Abdeslam "s’intéresse au personnel pénitentiaire depuis que Larossi Aballa [le terroriste de Magnanville qui a assassiné un couple de policiers] a lancé une fatwa contre nous", indique à Europe 1, une source proche du dossier.
" Il est en contact avec d'autres détenus "
Le logisticien présumé des attentats du 13-Novembre, seul membre encore vivant du commando, refuse de s’expliquer sur ses agissements devant les juges d’instruction. "Il se terre dans le silence devant le juge mais en prison, il se sent un peu moins seul", assure Thibaut Capelle, secrétaire FO à Fleury-Mérogis. Et d’ajouter : "Il est en contact avec d’autres détenus". Salah Abdeslam est pourtant théoriquement soumis à un régime d'isolement strict : il est filmé 24 heures sur 24, ses moindres faits et gestes sont consignés et les cellules autour de la sienne ont été vidées.
Mais du fait de la promiscuité des bâtiments et de la surpopulation carcérale, il est impossible d’empêcher strictement tout échange. "Qu’ils soient à deux ou quatre cellules d’intervalle, les détenus pourront toujours communiquer, en ouvrant la fenêtre, notamment. C’est valable pour Abdeslam comme pour tous les autres", précise Arnaud Arame, surveillant et délégué CGT de l’établissement. Impossible de condamner les fenêtres ou de calfeutrer le bas des portes, notamment pour des questions de sécurité incendie. En clair : il suffit de hausser la voix pour échanger mais les conversations ne sont donc pas du tout discrètes et immédiatement stoppées par les surveillants.
En détention, Salah Abdeslam se montrerait toujours particulièrement "nerveux". "Il ne supporte pas du tout la surveillance 24 heures sur 24. Ça le rend très agressif", indique Arnaud Arame. Il serait également en train de développer un comportement "maniaque" : "il est particulièrement répétitif dans ce qu’il fait, très méticuleux", précise-t-il.