Vous pensiez avoir traversé le plus gros de l’hiver ? Il faudra encore patienter. Attendue dès dimanche, une vague de grand froid va déferler sur une grande partie de la France entraînant avec elle les journées probablement les plus froides de l’hiver, selon Météo-France. De nouvelles chutes de neige en milieu de semaine prochaine sont aussi à prévoir.
Après un mois de janvier historiquement doux et un début de février neigeux, le "Moscou-Paris", du nom de ce phénomène brassant des masses d’air depuis la Sibérie vers l’Europe occidentale, va entraîner des températures ressenties jusqu’à -15 degrés en plaine et à -20 degrés dans les Alpes. Une situation qui entraîne des dispositions bien spécifiques.
37 départements ont déclenché le plan Grand Froid
Avec huit à dix degrés en dessous des normales de saisons prévues, l’épisode de grand froid a poussé l’État à déclencher dès mercredi le plan Grand Froid dans 29 départements. Vendredi, huit départements supplémentaires se sont ajoutés, portant leur nombre total à 37. Décidé à l'échelle des départements, le déclenchement du plan Grand Froid s'accompagne de mesures de vigilance pour prévenir les dangers de froid prolongé.
Mardi prochain devrait être la journée la plus froide depuis 1912. Trois niveaux sont à distinguer : niveau 1 (température positive en journée mais comprise entre zéro et -5 degrés la nuit), niveau 2 (températures négatives le jour et comprises entre -5 et -10 degrés la nuit) et niveau 3 (température négative le jour et inférieure à -10 degrés la nuit). Le niveau 2 du plan grand froid a d’ores et déjà été déclenché dans plusieurs départements comme l’Aisne, le Nord, le Pas-de-Calais, la Haute-Loire, le Loir-et-Cher, l’Yonne, les Deux-Sèvres, la Charente et la Meurthe-et-Moselle. Lundi, mardi et mercredi prochains devraient être les journées les plus froides de l’hiver avec des minimales attendues de -5 à -10°C. Mention particulière pour la journée de mardi, qui devrait être la journée la plus froide depuis 1912.
Source : Météo-France
Plus de 3.000 places supplémentaires en hébergement d’urgence. Dans ce contexte, les autorités ont pris des mesures particulières concernant les personnes sans-abri. Les maraudes vont être intensifiées, et les équipes du 115 renforcées. 3.132 places supplémentaires d’hébergement d’urgence sont prêtes pour accueillir les sans-abri. Au total, l’État va investir deux milliards d’euros, selon franceinfo. Sur les réseaux sociaux, les préfectures font passer le message : les personnes vulnérables dans la rue doivent être signalées auprès du 115.
[#Communiqué] Réactivation du Plan #GrandFroid - 37 départements en niveau d’alerte Grand Froid pour l’hébergement des sans-abri
— Cohésion Territoires (@Min_Territoires) 23 février 2018
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À Paris, où quelques 3.000 personnes dorment dans les rues selon une récente opération de comptage réalisée par la municipalité et des bénévoles, "16.000 places permanentes en centre d’accueil, 1.600 places hivernales et entre 800 et 900 places d’urgence grand froid" sont disponibles, a indiqué la mairie.
Pas de dispositif spécifique prévu à la SNCF
Alors que sur Twitter certains internautes s’inquiètent déjà d’éventuels retards causés par le grand froid sur les lignes de trains, la SNCF annonce être "en veille" et "vigilante", mais à ce stade "il n’y a pas de dispositif prévu pour la semaine prochaine", explique la compagnie ferroviaire à Europe 1. Début février, les abondantes chutes de neige avaient poussé la SNCF à conseiller à ses clients de reporter certains voyages.
Davantage concernée par le risque d’intempérie – qui ne sont a priori pas prévues la semaine prochaine – la SNCF précise que le trafic ne devrait pas être ralenti sur les lignes. Toutefois, la SNCF indique avoir demandé à ses agents de protéger certaines pièces des trains (les "organes sensibles" : portes, suspensions ou bas de caisses) contre le froid et le gel.
Un risque de coupure d'électricité ?
Reste l’inquiétude autour de la consommation d’électricité, et la menace d’un black-out (pannes de courant, ndlr) comme la France en a connu en 1978 et 1987. Selon le réseau de transport d’électricité RTE, la consommation devrait dépasser les 90 gigawatts la semaine prochaine. Un pic qui obligerait la France à importer de l’électricité, explique Ouest-France. RTE précise toutefois que si le pic historique de 2012 était battu (101,7 gigawatts le 8 février 2012), l’opérateur devra procéder à quelques coupures d’électricité momentanées et localisées.
Un pic de consommation entre 18h et 20h. "Le pic d’électricité se situe le soir entre 18h et 20h, lorsqu’on rentre chez soi, qu’on chauffe et que d’autres appareils électriques sont sollicités", explique à Europe 1 Gilles Aymoz, chef de service Bâtiments à l’ADEME. Quelques gestes simples peuvent éviter une surconsommation : éviter de chauffer au-delà de 21 degrés, ne pas lancer le lave-vaisselle le soir ou décaler le lancement du lave-linge la nuit.
#Vendredilecture Durant cette #vaguedefroid ❄ apprenez à consommer l'électricité de manière plus responsable grâce aux #ecogesteshttps://t.co/cl1iN2y75V@EcoWattBretagne@EcoWattPACApic.twitter.com/Cjz0DinT3J
— RTE dans l'Est (@RTE_Est) 23 février 2018
Ruée sur le fioul. Dans ces périodes de grand froid, "on fait appel à des moyens de production carbonés, c’est-à-dire du fioul et du charbon, et donc ce n’est pas bon pour le climat, ni pour le réseau français", ajoute Gilles Aymoz.
Les ventes de fioul et de gaz ont augmenté, notamment en Auvergne et en Ile-de-France. Certaines entreprises de livraison reçoivent jusqu’à 500 appels par jour en région parisienne et effectuent près de 200 livraisons au lieu des 80 habituelles. "Les cuves vont se vider sans qu’on s’en rende compte", alerte au micro d’Europe 1 Christian, un livreur de fioul. Si le froid s’installe durablement, les citernes d’Ile-de-France pourraient se trouver en rupture de stock et être rationnées.