Sciences-Po Strasbourg a récemment pris une décision qui fait polémique : celle de suspendre son partenariat avec l’université israélienne Reichman, près de Tel-Aviv. Une mesure votée lors d’un conseil d’administration de l’établissement, contre la volonté de la direction. Le gouvernement et les associations juives condamnent cette décision. L’affaire fait polémique jusqu’aux plus hauts sommets de l’Etat.
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"Une décision affligeante"
La décision très controversée de Science Po Strasbourg de suspendre son partenariat avec l’université israélienne Reichman date du 25 juin dernier, mais on ne l’a appris que cette semaine. La motion avait été soumise par la liste Solidarit’Etudiants, qui dispose de huit des dix sièges des représentants étudiants au conseil d’administration de l’IEP de Strasbourg. Une motion qui a également été soutenue par certains enseignants et qui a donc obtenu une majorité de vote pour, malgré la "très forte réserve" de la direction de l’établissement.
"C’est une décision qui est affligeante et qui me désole profondément", réagit jeudi Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, sur BFMTV. "L’université, c’est le lieu du débat, de la tolérance, c’est le temple de l’esprit critique", poursuit-il. "Je rappelle d’ailleurs que ce n’est pas cette université qui aujourd’hui bombarde au Liban ou à Gaza et que c’est d’ailleurs dans les universités israéliennes que l’on trouve les plus fervents partisans de la paix et de la solution à deux états", conclut le ministre. Sur le réseau social X, Patrick Hetzel, ministre de l’Enseignement supérieur, déplore lui aussi "cette prise de position politique".
"Ce vote (…) peut remettre en danger des étudiants juifs"
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) dénonce un "boycott" et voit dans cette décision "le signe de graves dérives". L’Union des étudiants Juifs de France (UEJF) estime que cette mesure vient jeter de l’huile sur le feu. "Cela fait plusieurs mois, depuis le 7 octobre [2023] qu’une vague d’antisémitisme sévit sur les campus", regrette Yossef Murciano, président de l’UEJF. "Là, on était plutôt dans un mouvement de retour au calme, d’apaisement. Mais ce vote, cet acte, peuvent faire rebasculer les choses et remettre en danger des étudiants juifs.
Evidemment que je suis inquiet", poursuit-il. "Vraiment, c’est un précédent et il faut s’en saisir et se rendre compte de la gravité de cet événement", estime Yossef Murciano. L’UEJF étudie actuellement, avec l’aide de ses avocats, toutes les options et recours juridiques possibles pour contester cette décision.