>> Tous les soirs dans la Libre Antenne d'Europe 1, les auditeurs se confient et témoignent. Une difficulté, une mauvaise passe ou un moment de bonheur, notre Libre antenne est avant tout la vôtre. Au micro d'Olivier Delacroix ce soir-là, Yves, 67 ans et référent de l’association nationale Les Oubliés de la Canicule, s’intéresse aux personnes touchées par des sinistres sécheresse dans leur maison. L’auditeur a lui-même été victime de cette catastrophe à l’été 2018.
Avec le réchauffement climatique, les dégâts de sécheresse sur les maisons sont de plus en plus fréquents et inquiétants. "En général, cela débute par des fissures esthétiques sur les biens et ça s’aggrave régulièrement. Cela se passe sur les sols argileux. Ils sont frappés d’un phénomène appelé ‘retrait gonflement’. C’est-à-dire qu’en forte sécheresse, la terre se rétracte et donc les fondations tombent et se fracturent. Et lorsque la pluie revient, la terre gonfle et les fondations remontent et se cassent une seconde fois", alerte Yves. Donc, avec les niveaux de sécheresse que la France connaît depuis une vingtaine d’années, un nombre de plus en plus important de maisons sont impactées. Ce qui n’est pas sans conséquence pour les habitants qui se retrouvent en détresse, car certains biens ne sont plus habitables et deviennent invendables. Beaucoup de ménages, endettés pendant des années avec leurs prêts immobiliers, finissent par tout perdre.
"On cherche à apporter de la solidarité à l’égard de ces gens pour les aider à se défendre. C’est le but de notre association. Car les assurances, normalement, sont chargées, lorsqu’il y a un arrêté de catastrophe naturelle, d’indemniser les sinistrés avec une aide publique. Le problème est que plusieurs compagnies d’assurance refusent la prise en charge avec un certain nombre de prétextes", pointe du doigt le référent de l’association. Ces refus engendrent le début d’un long combat pour les sinistrés qui cherche simplement à faire valoir leurs droits. "Notre rôle est donc de les aider autant que possible dans ce parcours de combattant", précise-t-il.
10 millions de maisons individuelles menacées
En France, selon un rapport rendu public en 2021 par le ministère de la Transition Écologique, plus de 10 millions de maisons individuelles sont menacées à cause des sécheresses successives. Et le phénomène risque de s’amplifier. "Les chiffres disent qu’environ une maison sur deux est susceptible d’être impactée parce qu’elle est construite sur des terrains argileux", précise Yves. Le phénomène est apparu massivement à l’issue de la sécheresse de 2003, date de la création de l’association Les Oubliés de la Canicule. Depuis, il n’a fait que s’aggraver depuis 2015 et 2018 en particulier. Pour l'année précédente, les arrêtés de catastrophe naturelle ne sont pas encore parus, mais 2022 a été terrible. En ce qui concerne 2023, les informations venant du ministère de l’Écologie affirment que la sécheresse actuelle est déjà très forte et qu’elle risque d’être extrêmement violente l’été prochain.
Un arrêté catastrophe naturelle
Face à ces sinistres, quels sont les recours ? Selon Yves, lorsque le particulier commence à voir des fissures et qu’il est sur un terrain argileux, la première chose à faire est "de prendre contact avec la mairie de sa commune". Celle-ci va demander la reconnaissance en catastrophe naturelle pour sa commune sur la période concernée. "Cela peut durer entre six mois et un an pour qu’on l’obtienne, si on l’obtient. Parce qu’il y a des cas, presque une commune sur deux, pour lesquels l’arrêté n’était pas pris en compte. Ce qui est très problématique", informe le référent de l’association.
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Une fois que l’arrêté est paru, l’assuré a 10 jours, selon la loi, pour envoyer un courrier recommandé avec accusé de réception à son assureur pour déclarer les dégâts. Ensuite, l’assurance va missionner un expert qui va venir sur place pour évaluer les dégâts. "C’est là, en général, que les choses posent problèmes. Très souvent, les experts missionnés par les compagnies, dans un premier temps en tout cas, refusent et trouvent un certain nombre d’arguments pour considérer que ce n’est pas la sécheresse le facteur déterminant", déplore Yves. "Or, quand il y a un arrêté catastrophe naturelle, qu’il y a eu une période de sécheresse anormale, et que nous sommes sur un terrain argileux avec des fissures, en général très reconnaissables, il n’y a pas vraiment de doute. Et c’est la grande difficulté pour la plupart des sinistrés", conclut l’auditeur, victime lui-même d’un sinistre sécheresse dans sa maison.
Pour éviter cette situation, l’association Les Oubliés de la Canicule conseille de se faire assister par un expert qui représente directement les sinistrés, indépendant des compagnies d’assurance. Celui-ci va devenir en quelque sorte l’avocat de la défense.