Une grande tendance est en train de se dessiner sous les yeux du renseignement français. Alors que la loi sur le séparatisme a été promulguée il y a deux ans, et que plusieurs milliers de contrôles ont eu lieu dans les mosquées en France, les imams fondamentalistes quittent désormais le pays pour s’installer à l’étranger. Ils ont compris qu’ils risquaient la prison s’ils allaient trop loin dans leurs prêches publics.
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C’est désormais depuis les pays du golfe ou d’Afrique francophone que ces islamistes lavent les cerveaux des jeunes Français. Les discours radicaux sont accessibles en ligne à n’importe qui, et ce depuis n’importe quel endroit du territoire français.
Les deux modes de recrutement privilégiés par les prédicateurs
Concrètement, ces prédicateurs procèdent de deux manières. La première consiste à proposer des cours en ligne. Une sorte d’enseignement, selon eux, à "l’islam authentique". Tout se passe sur internet à travers des visio-conférences en direct. Il faut évidemment s’inscrire au préalable. Par exemple, dans une vidéo YouTube, un imam explique comment quitter la France, qualifiée de "terre de mécréance". Le mot est important parce qu'il s'agit d'une expression phare des islamistes.
La seconde façon de recruter se déroule cette fois-ci en présentiel. Par exemple, les prédicateurs proposent un voyage de six jours à Médine en Arabie Saoudite. L'objectif est d’apprendre à ouvrir un commerce en adéquation avec la charia. Tout est fait pour attirer les jeunes, avec des activités nautiques, spa, tournoi de foot... Le voyage all inclusive coûte 2.600 euros, et 1.000 euros pour les 50 premiers inscrits. Les repas sont offerts, et même une dégustation d’urine de chamelle, particulièrement appréciée des salafistes pour ses supposées qualités médicinales.
Attirer des jeunes Français dans des mosquées à l'étranger
Cela va encore plus loin car ces imams radicaux veulent aussi ouvrir des mosquées à l'étranger, et y faire venir de jeunes français. C'est le cas à Bamako, au Mali. Selon les informations d’Europe 1, un imam Français de 47 ans, très connu des services de renseignement, vient d’y acheter un terrain. Dans les années 2010, il avait déjà tenté de mettre la main sur des mosquées en Ile-de-France.
Aujourd’hui, cet homme habite à Dubaï. Il est très proche de plusieurs cheikhs saoudiens, et il manœuvre discrètement une filière de recrutement de jeunes franciliens. Il les envoie se former à l’islam radical à Bamako. Certains des formateurs sont d’ailleurs inscrits au fichier des radicalisés, le FSPRT.
La limite de la loi sur le séparatisme
La France a-t-elle les moyens de contrer ce phénomène ? En réalité, c'est toute la limite de la loi sur le séparatisme : elle ne s’applique qu’aux propos ou aux enseignements délivrés sur le territoire français. Et cette impuissance est d’autant plus inquiétante que ces imams francophones sont devenus de véritables influenceurs sur les réseaux sociaux.
Sur TikTok, Instagram et Snapchat, certains cumulent jusqu’à un demi-million d’abonnés. Une nouvelle génération de jeunes salafistes est en train de naître, biberonnée par leurs aînés à une image négative de la société française.