La justice doit examiner le 15 avril une demande de liquidation judiciaire des sociétés de Bernard Tapie, condamné à rembourser les centaines de millions d'euros perçus en 2008 dans l'arbitrage de son litige avec le Crédit Lyonnais, a appris lundi l'AFP auprès des parties.
Cette question devait être examinée lundi matin par le tribunal de commerce de Paris mais l'audience a dû être renvoyée, en raison de la concomitance du procès pénal de l'homme d'affaires de 76 ans, accusé d'avoir escroqué l'État en obtenant cet arbitrage jugé frauduleux.
Les deux holdings en redressement judiciaire. Les holdings GBT (Groupe Bernard Tapie), actionnaire majoritaire du groupe de médias La Provence, et FIBT (Financière Immobilière Bernard Tapie) sont à l'abri des créanciers depuis que leur propriétaire les a placées en procédure de sauvegarde en décembre 2015, quelques jours avant sa condamnation à rembourser quelque 403 millions d'euros. L'ancien patron de l'Olympique de Marseille, tout en contestant par ailleurs en justice le montant de sa dette, a promis de rembourser.
Mais en janvier, son deuxième plan de sauvegarde, qui étalait le remboursement sur six ans, a été rejeté par le tribunal de commerce de Paris. Celui-ci a alors placé les deux holdings en redressement judiciaire et la défense de Bernard Tapie travaille depuis sur un nouveau plan. Estimant le redressement impossible, le parquet de Paris a entre-temps demandé au tribunal de passer à l'étape suivante et de prononcer la liquidation judiciaire, afin de permettre la vente immédiate des biens.
"J'ai mis tous mes actifs en garantie pour le paiement." "Ce serait une catastrophe (pour le groupe de médias, ndlr) qui n'a pas de contrepartie", a réagi Bernard Tapie auprès de l'AFP. "J'ai mis tous mes actifs en garantie pour le paiement. Donc, que ce soit en liquidation ou dans le cadre d'un plan (de redressement, ndlr), ils seront payés ; d'un côté très vite et de l'autre côté très lentement, avec des complications considérables", a-t-il déclaré.
Bernard Tapie s'est notamment engagé à vendre son domicile familial parisien, l'hôtel de Cavoye. Mais l'ancien ministre fait valoir que si ses sociétés étaient placées en liquidation judiciaire, ses créanciers ne toucheraient aucun euro tant que sa dette, objet d'âpres batailles procédurales, n'aurait pas été tranchée.
Une audience est prévue le 1er octobre devant la cour d'appel, où le Consortium de réalisation (CDR), structure détenue par l'État et chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais, conteste une décision qui a raboté sa créance de 117 millions d'euros. Au total, le CDR chiffre à 525 millions d'euros sa dette auprès des époux Tapie, une fois ajoutés les intérêts qui continuent de courir.