Salah Abdeslam demandait au député Les Constructifs Thierry Solère un euro symbolique pour atteinte à sa vie privée en prison : le détenu le plus surveillé de France a été débouté jeudi par le tribunal de grande instance de Nanterre. Le tribunal a considéré que "la visite des conditions de détention de Salah Abdeslam, le 29 juin 2016, s'inscri[vait] dans un contexte d'actualité judiciaire, ce dernier ayant été placé sous vidéo-protection par décision du garde des Sceaux" de l'époque douze jours plus tôt.
"Un sujet d'intérêt général". "Les propos de Thierry Solère retranscrits dans l'article" du JDD relèvent en outre "de l'information légitime du public à connaître les conditions carcérales au sein de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, qui constituent un sujet d'intérêt général", a estimé le tribunal, concluant donc qu'"aucune atteinte à la vie privée de Salah Abdeslam (…) n'est caractérisée". "Une sage décision", s'est félicité Me Kiril Bougartchev, avocat de Thierry Solère.
Seul membre encore en vie des commandos djihadistes du 13-Novembre, le détenu de 28 ans, placé à l'isolement depuis avril 2016 et surveillé par vidéo 24 heures sur 24, avait assigné le député après sa visite de la prison de Fleury-Mérogis le 29 juin 2016, dans le cadre du droit des parlementaires à visiter les prisons. Les journalistes du JDD qui accompagnaient le député n'avaient pu le suivre jusqu'à la salle de vidéosurveillance, mais le député leur avait décrit ce qu'il avait vu, du brossage de dents à la prière.
"Promené comme au zoo". À l'audience, le 21 juin, l'avocat avait souligné le "droit de savoir" du public dans le sillage des plus sanglants attentats que la France ait jamais connue. Après la parution de l'article, le conseil d'Abdeslam, Frank Berton, avait dénoncé dans une lettre à la Chancellerie le comportement du député, "comme s'il s'était promené au zoo de Vincennes". Il avait également tenté, en vain, de faire suspendre en urgence la vidéosurveillance de son client au nom de sa "vie privée". Le détenu a récemment obtenu un léger assouplissement de ses conditions de détention, "en raison de craintes pour sa santé", avait indiqué la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, à la mi-septembre.