Près d'un an après la démission d'Olivier Duhamel puis de Frédéric Mion, les deux instances dirigeantes de l'Institut d'études politiques de Paris ont désigné Mathias Vicherat, 43 ans, comme directeur de l'institution. Le conseil d'administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), qui chapeaute Sciences Po, a désigné mercredi Mathias Vicherat parmi les trois candidats en lice, par 19 voix sur 23, a-t-on appris auprès de l'école. Mardi, le conseil de l'Institut, organe de gouvernance interne à l'établissement, avait également largement choisi cet énarque.
Comment a-t-il été désigné ?
Mathias Vicherat va succéder à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février dernier pour avoir dissimulé les soupçons d'inceste visant le politologue Olivier Duhamel, alors président de la FNSP. Il était le seul des trois candidats finalistes à présenter un profil non universitaire. Il ne restait, en phase finale, que trois candidatures contre 23 au départ. Christine Musselin, 63 ans, sociologue et enseignante à Sciences Po, et Olivier Faron, 61 ans, historien et administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) n'ont pas été retenus.
Quel est son profil ?
Né aux Lilas en 1978, ex-élève de Sciences Po, dont il est sorti en 2000, il entre ensuite à l'ENA, où il côtoie Emmanuel Macron et crée une antenne de la CFDT. Cet homme de gauche commence ensuite sa carrière en 2004 comme directeur de cabinet du préfet de la région Picardie, avant de devenir sous-préfet chargé de mission en Seine-Saint-Denis, de 2006 à 2008.
Mathias Vicherat devient ensuite directeur de cabinet du maire de Paris Bertrand Delanoë puis d'Anne Hidalgo, directeur général adjoint de la SNCF et secrétaire général de Danone, poste qu'il a quitté récemment après y être resté deux ans et demi.
Quel est son projet pour Sciences Po ?
"Modèle de démocratisation", depuis la mise en place des conventions ZEP sous Richard Descoings, l'école doit "amplifier l'inclusion et la promotion de l'égalité des chances", a écrit Mathias Vicherat dans son dossier de candidature de 10 pages, consultable sur le site internet de l'école. L'abandon du concours, qui a cédé la place à une sélection sur dossier est "une décision qu'il faut conforter car la fracture sociale est moins forte au moment de l'oral d'admission", poursuit-il.
Le nouveau dirigeant insiste aussi sur le développement de la recherche, la nécessité de trouver des ressources budgétaires, l'internationalisation de l'école, mais aussi la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Sciences Po a été l'an dernier secouée par les accusations d'inceste, classées sans suite pour cause de prescription, portées contre Olivier Duhamel.