Les geste est une nouvelle fois spectaculaire. Vendredi, comme jeudi et mercredi, des réfugiés iraniens ont protesté contre le démantèlement de la jungle de Calais par le silence et l'action marquante de se coudre la bouche à nouveau sous l'œil vigilant des photographes et des cameramen. Le geste pourrait passer pour habituel s'il n'était pas si fort. Le nombre de bouches cousues est en augmentation, passant de 9 à 12 entre jeudi et vendredi.
"Réveillez-vous!". En silence et le visage souvent couverts par un bonnet troué au niveau des yeux, ils se sont rendus au théâtre de la "jungle", où de nombreux migrants et de journalistes étaient présents, avant de s'arrêter devant les forces de l'ordre non loin des pelleteuses qui poursuivaient le démantèlement de la partie sud du bidonville pour la cinquième journée consécutive. Sur la tente où ces migrants font la grève de la faim, il est écrit en anglais: "Nous sommes en grève de la faim. Nous avons besoin de repos. Merci de le respecter. Merci". L'action a duré au total un quart d'heure. Certains ont défilé avec des pancartes sur lesquelles était écrit en français: "Nous vous appelons à l'aide! Dormez-vous? Allez-vous nous entendre maintenant? Réveillez-vous!" ou encore "Nous demandons au Défenseur des droits de venir constater maintenant ce que nous subissons ici".
Un précédent en Macédoine. Mercredi, un groupe avait agi ainsi "parce que leur cabane venait d'être détruite", avait expliqué François Guennoc, de l'association L'Auberge des migrants. Ce n'est pas la première fois que des réfugiés iraniens protestent en se cousant la bouche. En novembre dernier, plusieurs d'entre eux avaient également employé cette méthode lorsqu'ils s'étaient retrouvés bloqués à Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne. La Macédoine avait en effet instauré un barrage filtrant en fonction des nationalités, refusant de laisser entrer les migrants d'origine iranienne.
Un mode de protestation qui se répand. Se coudre la bouche est un mode de protestation qui s'est répandue ces dernières années. Des demandeurs d'asile l'ont employé à plusieurs reprises, notamment en 2002, dans un camp en Australie, pour protester contre les délais de procédure des autorités australiennes. En 2012, deux Iraniens l'avaient également fait pour obtenir du gouvernement allemand la reconnaissance de leur statut de réfugié politique.