Il avait rejoint un groupe djihadiste en Syrie avec dans ses bagages Assia, sa fille de 18 mois enlevée à sa mère. Le Franco-Tunisien Hamza Mandhouj, jugé à Paris, s'est employé lundi à démontrer qu'il n'avait pas mis son enfant en danger.
L'épouse avait caché chez sa mère le passeport de l'enfant. "Tout au long de mon séjour en Syrie, je m'occupais de ma fille", assure l'homme de 29 ans, qui comparaît devant le tribunal correctionnel pour "association de malfaiteurs à visée terroriste et soustraction d'enfant par ascendant". Le déclic, raconte cet ancien vendeur sur des marchés dans le Rhône pour expliquer son geste, remonte à l'année 2013 : séparés depuis plusieurs mois, son épouse et lui s'apprêtent à divorcer.
" Je me suis dit que j'allais être privé de ma fille, j'ai craqué "
"Je me suis dit que j'allais être privé de ma fille, j'ai craqué", témoigne le prévenu, survêtement blanc et orange : "J'ai fait un passeport à ma fille pour partir en Turquie", en déclarant la perte du passeport existant. Son épouse le savait radicalisé. À l'occasion d'un pèlerinage à La Mecque, il s'était rapproché du groupe islamiste Forsane Alizza. Elle avait caché le passeport d'Assia chez sa mère, craignant qu'il ne parte s'installer dans un pays musulman avec l'enfant.
L'homme assure n'avoir pas combattu. Le 14 octobre 2013, Hamza Mandhouj était passé chez ses beaux-parents chercher Assia pour la journée. Il ne l'avait pas ramenée. Il avait d'abord prétendu garder la fillette pour la fête de l'Aïd, puis prétexté des vacances à Perpignan. Il avait ensuite rejoint son frère en Syrie. Le jeune homme assure n'avoir ni combattu, ni exercé des responsabilités, et n'avoir eu que la responsabilité de la nourriture au sein du groupe.
Dix mois de séparation pour la mère et sa fille. À l'été 2014, Hamza Mandhouj avait fait part à son épouse de ses craintes d'une avancée de l'Etat islamique : "Ils ne vont épargner personne". Il dit à l'audience avoir eu peur "pour (sa) fille". En dépit des mises en garde des autorités françaises sur la dangerosité du déplacement, la mère s'était rendue fin août 2014 avec son frère en Turquie et avait convaincu son ex-mari de lui rendre Assia dans un hôtel près de la frontière syrienne. Il avait été interpellé et l'enfant avait pu retrouver sa mère, dix mois après leur séparation.