Une femme et ses deux enfants, qui étaient retenus dans un camp en Syrie, ont été rapatriés lundi en France, a indiqué mardi à l'AFP le parquet national antiterroriste (Pnat), confirmant une information de plusieurs sources proches du dossier. Cette femme, de nationalité franco-marocaine, qui était visée par un mandat d'arrêt, a été interpellée à son arrivée et présentée à un juge d'instruction parisien, selon le Pnat. Ses enfants ont été pris en charge dans le cadre d'une procédure d'assistance éducative. Sollicité, le ministère des Affaires étrangères n'a pas commenté dans l'immédiat.
Voyage à bord d'un avion médicalisé
Cette femme et ses deux enfants ont atterri lundi soir à l'aéroport du Bourget à bord d'un avion médicalisé, a indiqué pour sa part une source aéroportuaire. "Je me réjouis que deux enfants, dont un très malade, aient été rapatriés avec leur mère et échappent au pire", a réagi l'avocate de cette femme, Me Marie Dosé, sollicitée par l'AFP. "Mais l'arbitraire bat son plein : pourquoi eux et pas d'autres ? Tant d'enfants sont aussi malades que ce petit garçon, et certains plus encore", a-t-elle toutefois déploré.
"L'Elysée explique que la doctrine du cas par cas est terminée et persiste à trier les enfants, et à agir dans la plus grande opacité. Et les orphelins restés dans les camps dont je demande le rapatriement depuis plus de trois ans ? La France vient d'être condamnée par la CEDH et demeure butée dans son inhumanité", a-t-elle ajouté. "On passe de la politique du cas par cas à celle du tirage au sort, c'est incompréhensible et scandaleux", a pour sa part réagi le Collectif des Familles Unies, qui regroupe des familles de Français partis en zone irako-syrienne.
La France condamnée pour ne pas avoir assez étudié les demandes de rapatriement
Le 14 septembre, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné la France pour ne pas avoir étudié de manière appropriée les demandes de rapatriement de familles de jihadistes en Syrie. La CEDH avait été saisie par deux couples de Français qui avaient demandé en vain aux autorités françaises le rapatriement de leurs filles, deux jeunes femmes compagnes de jihadistes, et de leurs trois enfants. Le 14 septembre, elle a enjoint à Paris de réexaminer les demandes de rapatriement.
Le ministère des Affaires étrangères avait alors pris acte de cette décision et s'était dit prêt à "envisager" de nouveaux rapatriements "chaque fois que les conditions le permettraient". Le 5 juillet, la France avait fait revenir 35 mineurs et 16 mères des camps de prisonniers jihadistes en Syrie, premier rapatriement aussi massif en France d'enfants et de mères depuis la chute en 2019 du "califat" de l'Etat islamique.