Universités : des sites bloqués, des amphis occupés, à Paris, Lyon et Nantes

La faculté de Lettres de Sorbonne-Université (Paris 4) est fermée mercredi, "suite à des blocages d'étudiants", a indiqué la direction de l'établissement. (Image d'illustration.)
La faculté de Lettres de Sorbonne-Université (Paris 4) est fermée mercredi, "suite à des blocages d'étudiants", a indiqué la direction de l'établissement. (Image d'illustration.) © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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avec AFP , modifié à
La ministre de l'Enseignement supérieur, si elle comprend les blocages, a dénoncé mercredi matin les violences commises dans les sites universitaires. 

De nombreuses facultés ont rejoint cette semaine le mouvement de blocages pour protester contre la réforme d'accès à l'université. Deux sites universitaires sont bloqués à Paris, un amphithéâtre est occupé depuis mardi soir à Lyon, mais aussi à Nancy ou encore à Nantes la protestation se faire sentir. 

Deux sites bloqués à Paris. La faculté de Lettres de Sorbonne-Université (Paris 4) est fermée mercredi, "suite à des blocages d'étudiants", a indiqué la direction de l'établissement, précisant que pour le moment, il s'agissait de son seul site bloqué. Le site, situé dans le nord parisien, "est fermé aux étudiants et au personnel" mercredi, a-t-on indiqué. A Paris toujours, le site Tolbiac de Paris-1 est également bloqué depuis dix jours, dans le cadre d'un "blocage illimité". Tolbiac accueille en temps normal entre 10 et 12.000 étudiants, majoritairement de premier cycle, en mathématiques, informatique, gestion, économie et sciences humaines.

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Lyon rejoint le mouvement. A Lyon aussi, un amphithéâtre de l'université Lumière est occupé depuis mardi soir. L'occupation du grand amphithéâtre de Lyon 2 a débuté mardi soir après une assemblée générale. Une cinquantaine d'étudiants y ont passé la nuit. Mercredi matin, l'occupation était visible depuis l'extérieur, avec des poubelles renversées devant deux des entrées, et des banderoles accrochées sur le bâtiment. Dans l'amphithéâtre, une vingtaine d'étudiants seulement s'attelaient à préparer des banderoles pour la manifestation de l'après-midi. Ils comptent rejoindre les cheminots en grève à la gare de Lyon Perrache. "Les réformes du gouvernement prévues dans le cadre du Plan Etudiant visent à instaurer la sélection à l'entrée de la licence 1 (Parcoursup). Les critères de sélection 'élitistes' mis en place excluent en premier lieu les bachelier.e.s professionnel.le.s et technologiques", justifient les étudiants lyonnais dans un communiqué.

"Blocus illimité" à Nantes. La capitale des Gaules rejoint ainsi le mouvement de contestation qui touche déjà des universités à Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nancy ou Paris. A Nantes, des étudiants ont voté mercredi majoritairement pour le "blocus illimité" de la faculté des Lettres et des Sciences humaines. Des barricades ont été érigées devant toutes les entrées. "L'idée est de faire une convergence des luttes avec les cheminots. Mardi, on est allés les voir sur leurs piquets de grève. D'autres secteurs comme les hôpitaux se mettent en grève cette semaine, il va falloir faire un lien avec eux pour tenter de bloquer l'économie et faire plier le gouvernement", fait valoir au micro d'Europe 1 Lucas, étudiant en philosophie, en parlant d'un "mai 2018". Mais preuve de l'ambiance tendue, 500 étudiants nantais ont manifesté leur désaccord avec ce blocus, et appellent à une intervention pour permettre l'accès aux cours. 

Dégradations dans le bâtiment de la présidence à Grenoble. En outre, le bâtiment de la présidence de l'université Grenoble Alpes (UGA) a été occupé mardi jusque dans la nuit par des manifestants, et des dégradations ainsi que des vols ont été constatés, a déclaré son président Patrick Lévy. Selon lui, ce bâtiment au cœur du campus a été occupé à partir de 12h30 par "60 à 80 personnes, dont la plupart n'était pas des étudiants mais des gens venus pour protester de manière radicale". La centaine de personnes officiant dans le bâtiment ont évacué leur bureau, ne pouvant plus travailler, se faisant parfois "agresser verbalement". "Pour ne pas répondre à la provocation, nous n'avons pas demandé l'évacuation par la force publique", a souligné Patrick Lévy. "Ils ont quitté les lieux vers 23h" laissant le bâtiment "dégradé de manière incroyable" : deux vidéoprojecteurs ont été dérobés, des portes cassées, des faux plafonds effondrés et des tags partout, comme "Lévy démission", "Lévy dégage" ou "pas de flics sur le campus". Une plainte devrait être déposée jeudi. 

Vidal dénonce une "campagne de désinformation". La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a dénoncé mercredi matin sur France 2 "une campagne de désinformation" face à la réforme de l'accès à l'université, et "c'est pour cela qu'il faut être dans le dialogue et l'écoute". "Il y a effectivement des amphithéâtres qui peuvent être bloqués, des assemblées générales qui se tiennent. Tant qu'on est sur le débat, la discussion même argumentée contre le projet de loi, c'est normal, on est à l'université et le débat doit avoir lieu", a-t-elle plaidé. Mais "quand il y a des violences", cela devient "inacceptable". "Je ne peux pas tolérer qu'il y ait des étudiants frappés, des tags antisémites inscrits sur les murs à Tolbiac, ou des bâtiments dégradés à Nantes", a ajouté Frédérique Vidal.