Après plusieurs mois de rebondissements judiciaires, le CHU de Reims a finalement repoussé jeudi sa décision finale sur le sort de Vincent Lambert. Le docteur Daniela Simon, responsable de la procédure de soins de ce patient en état végétatif depuis 2008, a décidé de ne pas se prononcer, pour le moment, sur le maintien en vie ou non de Vincent Lambert, lors d'une réunion avec la famille de ce dernier. Une situation qui plonge Rachel Lambert, l'épouse de Vincent Lambert dans "l'incompréhension totale".
Un représentant légal demandé. Daniela Simon a décidé de s'en référer au procureur de la République afin de désigner un représentant légal à Vincent Lambert, selon une déclaration des parents à l'issue de la réunion. Le docteur a aussi évoqué, toujours selon les parents, des menaces que son service aurait reçues et une menace d'enlèvement de Vincent Lambert et a demandé par conséquent au procureur de la République le placement sous protection judiciaire de son patient et de son service. Elle estime ainsi que "les conditions de sérénité et de sécurité nécessaires à la poursuite de cette procédure, tant pour Vincent Lambert que pour l'équipe soignante, ne sont pas réunies".
Une situation clinique comparable. Néanmoins, le CHU note dans son communiqué que "l'évaluation de Vincent Lambert conduit à constater que la situation clinique était comparable à celle qui aurait été rapportée par les experts mandatés par le Conseil d'Etat".
La réaction de la ministre de la Santé. Dans une déclaration à l'AFP, la ministre de la Santé, Marsisol Touraine "apporte tout son soutien à l'équipe soignante". "L'équipe soignante n'a pas pris cette décision parce qu'elle refuse d'arrêter le traitement de Vincent Lambert (...) mais parce qu'elle considère que les conditions de sécurité et de sérénité nécessaires pour mettre en oeuvre ce type de décisions ne sont pas réunies", estime la ministre.
Une famille divisée. Les membres de la famille, qui se déchirent sur son sort, étaient convoqués tous ensemble ce jeudi pour entendre la décision de maintenir ou non en vie de Vincent Lambert. Le 15 juillet, lors du premier conseil de famille, les différentes parties avaient été conviées séparément. Son épouse Rachel Lambert, son neveu ainsi qu'une grande partie des frères et sœurs sont favorables à un arrêt des soins, alors que les parents y sont farouchement opposés.
La justice européenne favorable aussi à un arrêt des soins. Le 5 juin dernier, la justice européenne avait confirmé l'avis du Conseil d'Etat qui estimait que la continuation des soins du patient souffrant de lésions cérébrales irréversibles après un accident de la route en 2008, constituait une obstination déraisonnable. Le 6 juillet dernier enfin, la CEDH avait rejeté la demande en révision des parents de Vincent Lambert qui s'opposent à l'arrêt des soins.