Un groupe de travail sénatorial a demandé jeudi à Édouard Philippe de "suspendre la mise en place" de l'abaissement à 80 km/h de la limitation de vitesse sur certaines routes, le temps qu'il livre ses conclusions sur cette mesure controversée.
L'abaissement de 90 à 80 km/h de la vitesse maximale sur 400.000 km de routes secondaires à double sens sans séparateur central doit entrer en vigueur au 1er juillet après la publication d'un décret. L'annonce de cette mesure a suscité une fronde chez les motards et automobilistes.
Cette mesure, annoncée le 9 janvier afin de réduire le nombre de morts sur les routes (3.693 en 2017), "a suscité beaucoup d'émoi auprès des usagers comme d'un grand nombre d'élus", soulignent dans un courrier au Premier ministre les sénateurs Jean-Luc Fichet (PS), Michel Raison (LR) et Michèle Vullien (UDI), qui constituent le groupe de travail sur la sécurité routière.
Ce groupe, créé le 24 janvier, doit consulter "acteurs institutionnels, experts et associations pour mieux évaluer l'efficacité et l'impact" de cette mesure et souhaite s'entretenir avec les personnes consultées par le gouvernement "pour recueillir leurs observations et les arguments qui fondent votre décision", expliquent ses membres. Ils espèrent pouvoir rendre leurs conclusions courant avril, avait indiqué Michel Raison la semaine dernière.
Une expérimentation menée entre juillet 2015 et juillet 2017. Une cinquantaine de sénateurs avaient auparavant demandé les résultats d'une expérimentation de cette mesure, menée entre juillet 2015 et juillet 2017 à la demande du ministre de l'Intérieur de l'époque Bernard Cazeneuve. Le bilan de l'expérimentation, révélé par Le Monde, porte sur les vitesses pratiquées, qui tombent en moyenne à 80,3 km/h au lieu de 85 km/h quand elles étaient limitées à 90 km/h, et non sur l'accidentalité.
La vitesse moyenne aurait baissé de 7% durant l'expérimentation. Le 9 janvier, Édouard Philippe avait cependant affirmé que, durant l'expérimentation, "la vitesse moyenne a baissé d'environ 7%, la fluidité du trafic n'a pas été altérée et l'accidentalité a diminué" en citant une baisse de 25% des accidents et de 50% de tués. L'abaissement à 80 km/h permettrait de sauver de 350 à 400 vies par an, affirme le gouvernement, qui a toutefois instauré une "clause de rendez-vous" au 1er juillet 2020. "Si les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, le gouvernement prendra ses responsabilités", avait déclaré le Premier ministre.