LdC - Brillant avec Chelsea, le Français bénéficie du soutien sans faille de ses coéquipiers. Quelle différence peut-il y avoir entre le bleu de l'équipe de France et celui de Chelsea ? Pour ceux qui suivent la trajectoire de Nicolas Anelka, le mystère reste entier. En juin, l'ancien Parisien et Madrilène boudait à l'idée de jouer seul en pointe, refusait la profondeur et insultait son sélectionneur. En septembre, il s'éclate et marque dans la même position, celle qu'il occupera encore mardi soir face à l'Olympique de Marseille lors de la deuxième journée de la Ligue des Champions en l'absence de Didier Drogba, suspendu. "Je pense que tout cela repose sur une espèce d'escroquerie intellectuelle ou de caprice passager de quelqu'un qui n'est pas lucide", juge Vincent Duluc, grand reporter à L'Equipe qui s'est penché sur la question dans Le livre noir des Bleus (Robert-Laffont). "Ou alors, il a été poussé par certains de ses coéquipiers, l'un d'entre eux, peut-être un ancien buteur, qui aurait voulu retrouver sa place (sous-entendu, Thierry Henry, ndlr)..." "Ce n'est pas un argument valable", lui répond Florent Malouda, son coéquipier chez les Blues, dans un entretien accordé à France-Soir. "A Chelsea, on ne reproche jamais à Nico de décrocher, en Bleu oui. Avec l'équipe de France, on était tout le temps sur son dos. Pas commode pour s'exprimer. Il n'allait pas passer son temps à rétablir des contre-vérités." Alors Anelka, véritable tête de mule ou simple tête de Turc ? L'intéressé divise l'opinion et entretient lui-même la polémique, lorsqu'il qualifie les membres de la FFF de "clowns" suite à sa suspension pour 18 matches ou quand il célèbre son premier but dans la compétition, la semaine dernière sur la pelouse du MSK Zilina, en faisant mine d'être menotté, "juste un message pour la Fédération française par rapport à ce qu'il s'est passé durant la dernière Coupe du monde", alors qu'il l'avait promis : "La page des Bleus a été tournée le 19 juin lors de [s]on éviction de Knysna." "Le bouc-émissaire parfait", selon Drogba Anelka n'est plus à une contradiction près. Et le joueur, présenté comme égocentrique et arrogant, mais simplement "timide" à écouter Arnaud Ramsay, biographe du joueur dont il est proche, et pas aussi ingérable que ses frasques à répétition en 13 ans de carrière pourraient le laisser penser. De Paris à Arsenal, de Londres à Madrid, de la Turquie à Chelsea en passant par Liverpool, Manchester City ou Bolton, le natif des Yvelines a charrié l'image d'un mauvais garçon, réfractaire à l'autorité. Une réputation battue en brèche aujourd'hui par ses coéquipiers, John Terry et Frank Lampard en tête, les tauliers du vestiaire de Chelsea, mais aussi ses entraîneurs d'hier et d'aujourd'hui, Arsène Wenger et Carlo Ancelotti, qui louent en choeur la simplicité du bonhomme avec lequel ils n'ont jamais eu le moindre conflit. "Le regard des gens sur lui est forcément décalé. En privé, c'est un véritable boute-en-train. Le vrai Nico, il faut le voir en privé, loin des médias", encourage dans les colonnes de La Provence Fabrice Abriel, le pote d'enfance, qui sera opposé pour la première fois mardi à son "frère" comme il le présente lui-même. "Nicolas a un grand coeur et respecte beaucoup l'équipe de France. C'est un bouc émissaire parfait", renchérit Didier Drogba, son coéquipier à Chelsea, interrogé dimanche dans le Canal Football Club sur Canal+.