CM2018 - Piégé par un tabloïd, le président de la fédération a dû démissionner.Pour ramener la Coupe du monde en Angleterre, David Triesman était prêt à tout. Et même à n'importe quoi. Lors d'une "conversation privée" avec une ancienne maîtresse et collaboratrice, le président de la fédération et, à ce titre, chef de la candidature anglaise, s'est laissé aller à évoquer - entre autres choses - une drôle d'entente entre l'Espagne et la Russie, deux pays rivaux lors dans cette course à l'organisation de la Coupe du monde 2018. Le problème avec les "conversations privées", c'est qu'elles ne le restent pas très longtemps. Surtout en Angleterre, et surtout lorsque l'on est un personnage public. Suivant une technique d'enregistrement que maîtrisent à merveille les tabloïds, le Mail on Sunday a rendu public la teneur des échanges footballistiques entre les deux anciens amants. David Triesman, 66 ans, y suggère que l'Espagne pourrait retirer sa candidature conjointe avec le Portugal pour le Mondial-2018 en faveur de la Russie, en échange d'un engagement de celle-ci à l'"aider à corrompre les arbitres durant la Coupe du monde" dont la sélection espagnole est l'une des favorites."Pourquoi les Russes les aideraient-ils ? Seront-ils à la Coupe du monde ?", demande Melissa Jacobs, de 29 ans la cadette de Lord Triesman. "Non, ils n'y sont pas. Et s'ils n'y sont pas, ils n'ont donc rien à perdre ?", interroge la jeune femme. "Absolument rien à perdre", conclut Lord Triesman qui a porté des accusations sans disposer de la moindre preuve. Placé devant le fait accompli, celui-ci a évoqué un dialogue qui n'était pas "destiné à être pris au sérieux".Coe monte au créneauEn attendant, c'est la candidature anglaise qui a pris un sérieux coup dans l'aile. Le nouveau secrétaire d'Etat aux Sports, le conservateur Hugh Robertson, a évoqué "un désastre en terme de relations publiques". Sebastian Coe, patron du comité d'organisation des Jeux Olympiques de Londres et membre du comité de candidature, a appelé lundi la FIFA pour présenter les regrets de l'organisation et des fax d'excuses ont été envoyés aux fédérations russe et espagnole. Une délégation devrait bientôt se rendre à Zurich, au siège de la FIFA, pour y rencontrer son président, Sepp Blatter, et tenter de sauver ce qui peut encore l'être.Ce scandale a éclaté deux jours seulement après la présentation conjointe par Lord Triesman et David Beckham du dossier anglais, très solide, et co-favori avec... la Russie. Sepp Blatter, qui a rencontré en janvier le président Andreï Medvedev, a récemment qualifié la candidature russe de "remarquable". Selon un décompte réalisé par le Times, les Anglais pensent disposer des voix de sept des 24 membres du comité exécutif de la FIFA, qui prendra sa décision début décembre, contre six pour la Russie et cinq au dossier hispano-portugais. Mais ça, c'était avant que Lord Triesman ne se confie à Miss Jacobs...