Le 23 octobre 2011, la Nouvelle-Zélande battait la France à l'issue d'une finale cuite à l'étouffée (8-7), marquée par la résistance homérique des Tricolores et l'arbitrage "à la maison" du Sud-Africain Craig Joubert. Quatre ans plus tard, les All Blacks remettent leur titre en jeu sur la terre de la seule nation européenne à avoir remporté le trophée : l'Angleterre. Europe 1 détaille pour vous les forces en présence de ce Mondial 2015.
"Le" favori : la Nouvelle-Zélande seule au monde ? Depuis leur courte victoire face aux Bleus de Marc Lièvremont en finale du Mondial 2011, les Blacks n'ont laissé que des miettes à leurs adversaires. Dans le détail, leur bilan est effrayant pour le reste du monde : 41 victoires, 2 matches nuls et 3 défaites seulement en quatre ans. Les Blacks ont remporté le Rugby Championship (ex-Tri Nations) à trois reprises, entre 2012 et 2014, ne concédant que deux défaites en 21 matches. Epoustouflant. Et le risque qu'ils arrivent en Angleterre trop confiants s'est envolé avec leur défaite lors de la dernière journée du dernier Rugby Championship, le 8 août, en Australie (27-19). Les Blacks sont prévenus : ils peuvent être battus. Ils en seront d'autant plus forts. Cet automne, ils chercheront à devenir champions du monde hors de leurs bases pour la première fois. Pas une mince affaire malgré tout.
L'outsider n°1 : l'Australie en quête de revanche. Battus en finale (2003), en quarts (2007) puis en demi-finales (2011) lors des trois dernières éditions, les Wallabies n'ont pas encore été champions du monde au XXIe siècle. Dans l'ombre des Blacks pendant plusieurs saisons, les Australiens semblent avoir retrouvé leur ambition en même temps que leur jeu depuis l'arrivée du nouveau sélectionneur, Michael Cheika, à l'automne 2014. Ils ont remporté le Rugby Championship 2015 en disposant des Blacks lors de la "finale" du tournoi (27-19) et pourront compter sur leur duo toulonnais Matt Giteau-Drew Mitchell, seuls joueurs n'évoluant pas au pays dans la sélection "aussie". Placés dans le "groupe de la mort", l'Australie sera d'entrée plongée dans le grand bain, avec des matches face aux Fidji, l'Angleterre et Galles.
Le pays organisateur (et donc forcément un peu favori…) : l'Angleterre douze ans après ? Qu'il est loin le temps où le XV de la Rose pouvait s'appuyer sur des personnalités d'exceptions comme Lawrence d'Allaglio ou Jonny Wilkinson. L'Angleterre de 2015 s'avance vers "sa" Coupe du monde sans aucune certitude, même si la nouvelle génération (les Vunipola, Farrell, Ford, Joseph (photo) et autre Watson) a déjà montré de belles choses.
Mais depuis 2011, année où les Bleus les avaient matés en quarts de finale du Mondial, les Anglais ne gagnent plus (quatre 2e place consécutives lors du Tournoi des six nations). L'air de la maison pourrait leur être profitable mais il leur faudra pour cela survivre à la pression et à un premier tour corsé, où ils disputeront un, voire deux matches couperets contre le pays de Galles ou/et l'Australie.
La "surprise" possible : l'Irlande sur sa lancée ? Double vainqueur consécutif du Tournoi, le XV du Trèfle présente une belle homogénéité entre joueurs d'expérience (Paul O'Connell, Jamie Heaslip, Tommy Bowe) et éléments d'avenir, comme le centre Robbie Henshaw, 22 ans, l'une des révélations du dernier Tournoi des Six Nations. A 30 ans, l'ouvreur Jonathan Sexton est en pleine force de l'âge pour mener les "Verts" au sommet, eux qui attendent toujours de franchir le cap des quarts de finale de la compétition (élimination à ce stade en 1987, 1991, 1995, 2003 et 2011).
Et les Bleus dans tout ça ? Compte-tenu de leurs résultats récents dans le Tournoi (4es en 2012, 2014 et 2015, 6es et derniers en 2013), difficile de faire des Bleus des favoris de la compétition. Mais avec un premier tour à sa portée (Irlande, Italie, Canada et Roumanie), l'équipe de France peut espérer voir les quarts de finale, qui pourrait sceller des retrouvailles avec les All Blacks (si la logique est respectée dans leurs groupes respectifs).
Et on sait qu'en Coupe du monde, les Bleus sont toujours capables de se transcender, comme ce fut le cas en 1999 et en 2007, avec deux victoires d'anthologie contre les Néo-Zélandais. Egalement finaliste à deux reprises (1987 et 2011, avec deux défaites face aux Blacks), les Bleus ont toujours répondu présent lors des Coupes du monde. Mais jamais suffisamment loin. Ou toujours trop tôt...