Antoine Griezmann n'en finit plus de marquer des buts qui comptent. Auteur du but vainqueur de l'Atlético de Madrid sur la pelouse du Real, le 27 février dernier, en Liga (1-0), du doublé contre le FC Barcelone, en quarts de finale retour de la Ligue des champions, le 13 avril (2-0), il a inscrit le but de la qualification des siens, mardi soir, sur le terrain du Bayern Munich, en demi-finales retour de cette même Ligue des champions (1-2). Les "Colchoneros", encore en lice pour le titre de champion d'Espagne à deux journées de la fin - ils comptent le même nombre de points que le Barça mais sont devancés à la différence de buts particulière -, disputeront la finale de la plus prestigieuse Coupe d'Europe face au voisin du Real, qualifié mercredi soir aux dépens de Manchester City (0-0, 1-0). De fait, "Grizi" devrait être pied au plancher jusqu'au 28 mai, date de la finale de la Ligue des champions. Soit treize jours seulement avant l'entrée en lice des Bleus à l'Euro…
Une partie de la préparation manquée. De fait, Griezmann va évidemment manquer une bonne partie de la préparation pour l'Euro. Le sélectionneur des Bleus doit annoncer le nom des 23 joueurs retenus pour disputer la compétition le jeudi 12 mai. Un stage à Biarritz est prévu dans la foulée, entre le 17 et le 21 mai. D'autres internationaux français, comme Blaise Matuidi et Lassana Diarra, concernés par la finale de la Coupe de France le samedi 21 mai entre le PSG et l'OM, zapperont également ce rendez-vous. Logiquement, "Grizi" devrait lui bénéficier de deux jours de repos après la finale de la champions, quel qu'en soit le résultat. Mais on peut imaginer que si l'Atlético remporte la première Ligue des champions de son histoire, la fête se prolongera peut-être un peu… Au mieux, Griezmann rejoindra donc le groupe France le mardi 31 mai ou le mercredi 1er juin, soit deux grosses semaines après le gros des troupes.
Ultra-sollicité par son club. Mais le problème ne réside pas tant dans la date à laquelle Griezmann va rejoindre les Bleus, mais plutôt dans l'état dans lequel il va les rejoindre. En effet, "Grizi" est ultra-sollicité par son entraîneur, Diego Simeone. En dehors du gardien slovène Jan Oblak, Griezmann, titulaire lors de 35 des 36 matches de l'Atlético cette saison, est le "Colchonero" qui a le plus joué depuis août 2015, avec 4.142 minutes sur les terrains, soit sept minutes de plus que son capitaine Koke (4.135 minutes), selon les statistiques d'Opta. Il n'a été remplaçant qu'à une seule reprise, samedi dernier, face au Rayo Vallecano, où il a marqué lors de son entrée en jeu…
Et quand il est sur la pelouse, on ne peut pas dire que "Grizi" ménage sa peine. Selon l'UEFA, il est même le deuxième joueur qui a parcouru le plus de distance cette saison en Ligue des champions, juste derrière son coéquipier Gabi, avec 128,55 km parcourus en 12 matches disputés. Le style de jeu de l'Atlético - pressing haut et défense tout-terrain - est très exigeant en termes physiques et l'on peut légitimement s'inquiéter sur l'état de fatigue de Griezmann en cette fin de saison. Matches de clubs et de l'équipe de France confondus, seul Anthony Martial a joué plus que lui : 4.741 minutes contre 4.681. Mais l'attaquant de Manchester United a cinq ans de moins et sa saison en club se terminera elle le 21 mai…
Peut-il passer outre la fatigue ? Malgré cette saison éreintante, qui devrait le conduire à un total de plus de 60 matches, club et sélection confondus, Griezmann pourra-t-il être toujours au top durant l'Euro ? Interrogé dans les colonnes du quotidien L'Équipe, Jean-Christophe Hourcade, préparateur physique chargé de mission auprès de la Fédération française de football (FFF) ne s'inquiète pas outre-mesure pour "Grizi", notamment au vu de ses dernières sorties. "On ne perçoit pas de lassitude sur le plan physique", insiste-t-il. "Il a 25 ans, la faculté de récupération entre les matches et les efforts est forcément optimisée par rapport à des joueurs de plus de 30 ans. Je ne suis donc pas inquiet."
Quels effets pour la fin de saison ? Les optimistes souligneront avec lui que les performances de Griezmann et l'envergure qu'il a prise aujourd'hui avec l'Atlético sont au contraire une bénédiction pour les Bleus, en quête d'un leader d'attaque après la mise à l'écart de Karim Benzema. Et ce, même si les "Colchoneros" venaient à perdre leurs dernières batailles, en Liga comme en Ligue des champions ? Interrogé par L'Équipe, Jérôme Rothen, qui a connu la même situation que Griezmann avant l'Euro 2004 quand il avait atteint la finale de la Ligue des champions avec l'AS Monaco, ne se fait pas de souci : "Quand tu la perds, tu repars de suite sur un autre objectif, la motivation et l'excitation prennent le pas. La fatigue, il la ressentira après l'Euro". Et on espère après le 10 juillet, date de la finale...