En ce jour de nouvelle consécration pour l’attaquant du Barça, c’est la tradition, il faut ressortir les superlatifs élogieux. "SuperMessi", "Messi le magicien", "Messi ce génie" ou encore "Messi l’extraterrestre". On ne va donc pas vous assommer en alignant les nombreux records de la "puce" argentine. Une question nous taraude quand même : jusqu’à quand ? A force de jouer plus de 50 matches par an, ses accélérations seront-elles toujours aussi fulgurantes dans deux ou trois ans ? Est-ce qu’il n’existe pas une date de péremption au génie de Messi ?
A 10 ans, le petit Messi est atteint d’une forme de nanisme et ne mesure qu’1,11m. Sans hormones de croissance, il n’atteindra jamais 1,50 m et ne sera jamais footballeur professionnel. Le traitement est trop cher pour la famille du joueur mais son père va décider de traverser l’Atlantique pour lui faire passer un dernier test au Barça. Là, c’est le déclic. Carles Rexach, directeur sportif des Blaugrana, est émerveillé par la technique de Messi et décide de prendre en charge le traitement du joueur. Nous sommes en 2001, Léo n’a que 14 ans. Un traitement approprié et une bonne dose de volonté plus tard, l’Argentin dispute son premier match officiel à moins de 17 ans. Sept ans plus tard, le petit prodige est un phénomène. Mais pour combien de temps ?
Le jeu, un besoin chez Messi
Si son histoire ressemble à un véritable conte de fées, certains observateurs s’inquiètent pour sa santé. Et pour cause, Messi est l’un des joueurs les plus utilisés du Barça avec Victor Valdès, le gardien de but. Prenons juste un chiffre. En 2011, Lionel Messi a disputé 67 matches. C’est 8 et 10 matches de plus que Xavi et Carles Puyol, deux pièces maîtresses des Blaugrana. Une aberration ? Pas forcément si on en juge uniquement par les blessures de l’attaquant argentin. Des petits pépins aux biceps fémoral, mais pas de grosse catastrophe. Il n’a raté que 9 mois en huit ans de carrière.
Pour le docteur Nicolas Bompard, médecin du sport au centre de traumatologie de l’hôpital de Clamart, "Messi peut encore faire ce qu’il veut. Il n’a que 24 ans". Mais à force de multiplier les efforts, il pourrait finir par s’user. "C’est un footballeur qui joue sur l’explosivité et la vitesse. Au bout d’un moment, un peu à l’instar d’un Ronaldo, il risque de faiblir". Sans compter le risque de blessure. Le Docteur Bompard, également médecin de l’US Créteil, est étonné de le voir autant jouer : "plus il pratique, plus il risque, c’est évident. Le Barça devrait l’économiser davantage".
"S’il joue autant, c’est surtout parce qu’il en a besoin", explique Frédéric Traïni, journaliste à L’Equipe à Barcelone depuis 15 ans. Dans une biographie qui sort le 12 janvier, "Messi, une vie en grand", il revient sur l’obsession de l’Argentin. "Il a besoin de jouer, de marquer et de gagner des titres pour être heureux. C’est souvent lui qui demande à jouer, même dans des matches de moindre importance". Illustration parfaite mercredi soir dernier en huitièmes de finale de la Coupe du roi, contre Osasuna, pas vraiment un cador de la Liga. Rentré lundi grippé d’un voyage en Argentine, il ne devait pas jouer la rencontre contre Pampelune. Trop dur de tenir en place. L’attaquant du Barça finit par rentrer en deuxième période et plante deux buts, histoire de.
Une préparation physique taillée sur mesure
En reprenant les commandes de l'entraînement il y a trois ans, Pep Guardiola, a très vite compris qu'il aurait tout intérêt à ne pas brûler trop vite les ailes de son merveilleux joujou. "L’arrivée de Guardiola à l’été 2008 a tout changé pour Messi", raconte Frédéric Traïni. Et d’expliquer : "avant, il ne faisait pas vraiment attention à lui. Il buvait des sodas toute la journée et mangeait n’importe quoi. Aujourd’hui, il a une alimentation beaucoup plus équilibrée et le Barça a surtout décidé d’embaucher un préparateur physique personnel". Un cas complètement exceptionnel en Catalogne.
Mais cet assistant permanent ne court quand même pas à ses côtés sur le terrain. "Un autre facteur entre alors en jeu, l’intelligence sur une pelouse", raconte Pablo Polo, journaliste pour le quotidien sportif espagnol Marca. "Depuis un ou deux ans, Messi a modifié son jeu. Il sait optimiser ses déplacements et se reposer à des moments donnés. Il est également capable de décrocher un peu pour souffler". Au lieu de placer 40 accélérations fulgurantes dans un match, Messi va maintenant faire le job sur 15 actions.
Une fin difficile à pronostiquer
Messi moins hyperactif mais Messi toujours aussi productif. En 67 rencontres en 2011, il a marqué 57 buts. Avec des stats comme ça, les fans du Barça prient tous les jours pour que le rêve dure encore quelques années. "Il y aura une fin c’est sûr", lâche comme une évidence Frédéric Traïni. "Mais pour l’instant, cette fin est beaucoup trop dure à pronostiquer. Tant qu’il sera bien entouré sur le terrain et qu’il sera épargné par les blessures, il restera au top". Il va donc falloir vous y habituer, le règne de "SuperMessi" n’est pas prêt de prendre fin.