L'Espagnole Aitana Bonmatí conserve son Ballon d'or et entre un peu plus dans la légende du football, de quoi donner du poids à ses engagements. Avec une Coupe du Monde et trois Ligues des Champions, le palmarès de la jeune femme de Vilanova i la Geltrú, entre Barcelone et Tarragone, est difficile à égaler, en témoignent les nombreuses reconnaissances individuelles qu'elle a reçues au cours des deux dernières années.
"Sans elles, je ne serai pas la joueuse que je suis aujourd'hui"
Si elle a échoué avec la "Roja" au pied du podium olympique cet été à Paris, Aitana Bonmatí a conservé la Ligue des champions avec le FC Barcelone, le club où elle a passé la moitié de sa vie, de 13 à 26 ans. "Je suis extrêmement reconnaissante de recevoir ce deuxième Ballon d'or consécutif", a déclaré lors de la cérémonie la joueuse du Barça rendant longuement hommage à ses coéquipières Caroline Graham Hansen et Salma Paralluelo, deuxièmes et troisièmes. "Je fais un sport collectif et je suis entourée de joueuses incroyables en club comme en sélection. Sans elles, je ne serai pas la joueuse que je suis aujourd'hui", a ajouté Aitana Bonmatí.
Son chemin vers les sommets a commencé, comme beaucoup d'autres footballeuses, par du temps de jeu partagé avec les garçons, étant donné le peu de développement du football de base féminin. Sa confiance en elle face aux meilleures équipes du monde s'est forgée quand, enfant, elle osait des petits-ponts sur les garçons, suscitant des commentaires sexistes de la part de ses jeunes coéquipiers qui ne supportaient pas de se voir dépassés par une fille.
Après avoir rejoint le FC Barcelone à l'âge de 13 ans, il ne lui a fallu que trois saisons pour débuter avec l'équipe première. Une décennie plus tard, elle récupère un deuxième Ballon d'or après deux années au sommet.
"Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous sommes toutes des modèles, donc fier d'en être un"
Saluée par une célèbre formule de Pep Guardiola, qui l'avait qualifiée de "version féminine d'Iniesta", Aitana Bonmatí a toujours rêvé de s'imposer comme "une référence" pour de nombreux garçons et filles au même niveau que ses collègues masculins. "Quand j'étais petite, il était impossible d'avoir des modèles féminins, c'est pourquoi je dis toujours que mes modèles étaient Xavi, Iniesta, etc... Mais aujourd'hui nous pouvons dire que nous sommes toutes des modèles, donc fier d'en être un, non seulement pour les filles, mais aussi pour les garçons", disait-elle.
"Je pense qu'il est très important pour les garçons d'avoir des modèles féminins lorsqu'ils sont jeunes, car lorsqu'ils grandiront, ils auront une mentalité plus égalitaire", assurait la double Ballon d'Or. L'égalité entre les hommes et les femmes dans et hors du football est une des causes pour laquelle "Aita" s'est engagée. "Il y a un long chemin à parcourir et j'espère qu'avec notre combat, nous pourrons également y contribuer à l'avenir", déclarait-elle au syndicat des footballeurs FIFPro en février 2024.
>> LIRE AUSSI - Rodri, Aitana Bonmatí, Lamine Yamal... découvrez le palmarès complet de la cérémonie du Ballon d'Or 2024
Engagements
Caractère affirmé, Aitana Bonmatí a aussi affronté sa Fédération. Elle faisait partie des quinze rebelles qui s'opposaient au maintien de Jorge Vilda à la tête de la "Roja". Elles finiront pourtant championnes du monde 2023 avec le même technicien. Son engagement a pris bien d'autres formes, et son aura dépasse le football, à l'image du prix Laureus de la meilleure athlète féminine 2024, première hispanophone et premier footballeur tous sexes confondus à recevoir cette reconnaissance.
Collaboratrice de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) depuis 2022, elle a par exemple arboré après la finale victorieuse de la Ligue des champions 2023 un t-shirt avec le slogan "Changez d'avis. Accueillez les réfugiés. Sauvez leurs vies". Elle avait aussi soutenu sa coéquipière Jenni Hermoso, embrassée de force par l'ancien président de la Fédération espagnole Luis Rubiales : un baiser forcé peu après la victoire en finale de la Coupe du monde féminine 2023 qui avait éclipsé dans les médias l'exploit de la Roja.
En recevant un de ses nombreux prix de meilleure footballeuse, elle avait profité de l'exposition pour dénoncer la situation et continuer à promouvoir l'égalité. "En tant que société, nous ne devons pas permettre l'abus de pouvoir dans une relation de travail ou le manque de respect", disait-elle. Avec ce second Ballon d'or, sa voix porte plus loin encore.