VI NATIONS - Le XV de France a fait évoluer son jeu pour remporter le 9e Grand chelem de son histoire. L'équipe de France ne s'est pas vraiment trouvée un style. Elle s'est surtout adaptée à plusieurs formes de rugby, et c'est probablement la principale clé de son Grand chelem 2010. En s'arc-boutant sur ses bases défensives samedi face à l'Angleterre, le XV de France a conclu son Tournoi en montrant à son public une nouvelle facette de son jeu, grâce à un pack d'avants incroyablement présent et discipliné, déterminé à laisser passer l'orage. Comme l'a déclaré le sélectionneur Marc Lièvremont après le succès face à l'Angleterre (12-10), "gagner en étant pragmatiques, disciplinés, intelligents, c'est appréciable." Les Français dans leur ensemble semblaient ravis d'avoir enfin pu imprimer à leur rugby une touche de différence, comme l'a symbolisé le "talent d'or" de la rencontre décerné par France Télévisions au pilier perpignanais Nicolas Mas. Qu'importe le "french flair", qui a tant desservi l'équipe nationale en grande compétition par le passé. "On a joué un jeu qui n'était pas le nôtre. Ils ont joué comme nous et nous à l'anglaise", surenchérissait de son côté Morgan Parra. Le Mondial dans moins de dix-huit mois Un peu comme il avait commencé son tournoi en Ecosse (18-9), pas flamboyant mais réaliste et solide, le XV de France ne s'est pourtant pas limité à ce type de match peu spectaculaire pour construire son Grand chelem. Son succès face à l'Irlande (33-10) lors de la 2e journée restera probablement comme le match référence des hommes de Lièvremont, du point de vue de la maîtrise du jeu. Au pays de Galles, les deux interceptions victorieuses de Trinh-Duc et Palisson ont permis aux Bleus de conforter leurs certitudes, certes avec réussite, avant d'assumer à la perfection son statut d'archi-favori face à l'Italie (malgré un léger relâchement en fin de partie). Dominateurs en mêlée face à l'Angleterre, comme ils l'avaient été de manière assez flamboyante déjà devant l'Irlande, les Français se sont en quelque sorte servis de ce Tournoi pour se prouver qu'élargir leur palette était possible, et nécessaire. A un peu moins de dix-huit mois de son premier match du Mondial en Nouvelle-Zélande, le 10 septembre 2011, l'équipe de France semble lancée sur de bons rails. S'il peut être dangereux de se spécialiser dans un seul registre, qu'il s'agisse de jeu au pied précis, de défense en béton ou de jeu à la main caviar, le XV tricolore a maintenant prouvé qu'il était bon partout. Il reste de la marge pour se frotter aux nations de l'hémisphère Sud, mais ces dix-huit mois avant la Coupe du monde doivent servir à tendre vers l'excellence. Les bases sont là.