Les incidents qui ont émaillé la fin de la rencontre entre Al-Masry et Al-Ahly, mercredi soir, en Egypte, ont fait au moins 74 morts. Contexte politique, rivalités entre supporters, installations inadaptées, l'histoire du football, sport le plus populaire du monde, est jalonnée de drames.
Lima, Pérou, le 24 mai 1964, 320 morts. Le Pérou reçoit l'Argentine lors d'un match de qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo. Menée 1-0, la Rojiblanca égalise dans les dernières minutes mais l'arbitre uruguayen de la rencontre annule le but. Furieux, les 47.000 spectateurs du stade décident d'envahir la pelouse en signe de protestation. Pour les repousser dans les tribunes, la police utilise des gaz lacrymogènes. Les spectateurs se heurtent alors à des portes fermées sur décision des autorités. Coincés dans les tribunes, la plupart des victimes meurent piétinées ou asphyxiées.
Accra, Ghana, le 10 mai 2001, 126 morts. Le même triste enchaînement se répète 37 ans plus tard. C'est cette fois un but accordé à l'équipe locale de Hearts of Oak qui met le feu aux poudres dans le stade d'Accra. Les supporters d'Asante Kotoko estiment que celui-ci aurait dû être refusé pour hors-jeu. Mécontents, ils commencent à arracher les sièges du stade. La police réplique alors par des gaz lacrymogènes et les spectateurs se précipitent vers le bas des tribunes où ils trouvent portes fermées. Cent ving-six personnes y laissent la vie.
Hillsborough (Sheffield), Angleterre, le 15 avril 1989, 96 morts. Quelques minutes avant le début de la demi-finale de la Coupe d'Angleterre entre Nottingham Forest et Liverpool, la police décide d'ouvrir un accès au stade de Hillsborough ne comportant pas de tourniquets. Les supporters des Reds, venus en nombre, se précipitent alors vers cette entrée et rejoignent une partie de tribune qui leur est réservée, mais qui est déjà remplie. Quatre-vingt-seize supporters meurent alors comprimés contre les grilles d'un stade vétuste, suscitant une prise de conscience sur l'insécurité dans les stades.
La catastrophe d'Hillsborough fait 96 morts :
Ibrox Park (Glasgow), Ecosse, le 2 janvier 1971, 66 morts. Alors que le derby de Glasgow entre les Rangers (protestants) et le Celtic (catholiques) touche à sa fin, certains des 80.000 spectateurs commencent à quitter le stade. La chute d'une personne, vraisemblablement d'un enfant, provoque un mouvement de panique parmi les supporters des Rangers. Soixante-six personnes meurent asphyxiées dans les couloirs d'un stade qui avait déjà été le théâtre d'un drame en 1902 avec l'effondrement d'une tribune.
Bradford, Angleterre, le 11 mai 1985, 56 morts. Les supporters de Bradford City viennent fêter la montée de leur club en deuxième division face à Lincoln. Alors que la mi-temps approche, les spectateurs, compressés, commencent à ressentir une étrange chaleur sous leurs pieds. La tribune en bois commence à prendre feu. L'origine du sinistre serait le jet d'une allumette sous la tribune, qui aurait embrasé un tas de détritus. Les spectateurs sont piégés par le feu et par les sorties de secours fermées à l'arrière de la tribune.
Le feu piège les supporters de Bradford :
Le Caire, Egypte, le 17 février 1974, 48 morts. La capitale égyptienne doit accueillir un match amical entre le Zamalek, l'un des clubs les plus populaires du pays, et l'équipe tchèque du Dudla Prague. Les supporters sont deux fois plus nombreux que la capacité du stade (80.000 contre 40.000). Sous la pression de la foule, une grille cède et provoque la mort de 48 personnes et en blesse autant.
Ellis Park (Johannesbourg), Afrique du Sud, le 11 avril 2001, 43 morts. Plus de 120.000 personnes essaient d'entrer dans l'Ellis Park pour assister à la rencontre-phare du football africain entre les Kaizer Chiefs et les Orlando Pirates. Mais le grand stade de Johannesbourg n'en peut en accueillir qu'à peine la moitié. Durant le match, l'égalisation des Pirates provoque un mouvement de foule parmi les supporters qui souhaitent assister à la rencontre. Les fans sont alors comprimés contre les grilles et l'utilisation par la police de gaz lacrymogène ajoute à la confusion... Dix ans plus tôt, un match entre les deux mêmes équipes avait donné lieu à une catastrophe similaire, à Orkney, dans la banlieue de Johannesbourg. Quarante personnes y avaient perdu la vie.
Heysel (Bruxelles), Belgique, le 29 mai 1985, 39 morts. Peu avant le début de la finale de la Coupe des clubs champions entre Liverpool et la Juventus Turin, des hooligans anglais envahissent la tribune Z, qui regroupe des spectateurs neutres mais également des supporters du club italien. Sous la menace de projectiles, ceux-ci tentent de s'enfuir par la droite de la tribune. Les grilles de séparation et un muret s'effondrent alors que la police refuse d'ouvrir les grilles donnant accès à la pelouse. Trente-neuf personnes meurent devant les caméras du monde entier.
Le drame du Heysel fait 39 morts :
Furiani (Bastia), le 5 mai 1992, 18 morts. Le Sporting Club de Bastia, alors en division 2, s'apprête à disputer un match de gala face à l'Olympique de Marseille de Bernard Tapie, en demi-finales de la Coupe de France. Quelques minutes avant le coup d'envoi, une tribune de 10.000 personnes érigée à la hâte par les dirigeants corses pour accroître la capacité du stade, et donc la recette, s'effondre sur elle-même. Dix-huit personnes périssent et plus de 2.300 autres sont également blessés dans ce qui constitue le plus grand drame du football français.