Trois jours après sa victoire à Bruxelles, Alessandro Petacchi a remis le couvert, mercredi à Reims, en s'adjugeant la quatrième étape du Tour de France. Mais cette fois-ci l'Italien a battu tous les meilleurs sprinteurs, à commencer par Julian Dean, Edvald Boasson Hagen et Robbie McEwen incapables de répondre au démarrage du vétéran de la Lampre. Au terme d'une journée calme, Fabian Cancellara reste en jaune. Il va finir par les agacer les petits jeunes, Alessandro Petacchi. A 36 ans, l'ex-roi du sprint s'offre une deuxième jeunesse depuis le départ du Tour de France sur lequel il a remporté, mercredi à Reims, un deuxième succès d'étape après celui acquis à Bruxelles lors de la deuxième journée. Et cette fois-ci, il n'y aura rien à redire sur sa victoire, sa sixième dans l'épreuve après son quadruplé de 2003. En Belgique, l'Italien avait bénéficié des nombreuses chutes dans le final pour régler un peloton ramené à une trentaine d'unités. Dans la Marne, à l'issue d'une étape sans grande histoire, Petacchi a montré qu'il n'avait pas besoin de cela pour gagner. Sur le grand boulevard de la Paix, au bout d'une longue ligne droite d'un kilomètre, le Transalpin a maté tous ses plus grands rivaux. Mark Cavendish, pas dans le coup (12e), Robbie McEwen (4e), Thor Hushovd (9e), Oscar Freire (10e), tous ont constaté le démarrage de l'Italien à trois cent mètres de la ligne mais sans pouvoir réagir. Seuls Julian Dean (2e) et Edvald Boasson Hagen (3e) ont fait illusion, mais pas plus. Deux sprints, deux victoires, Petacchi, que l'on n'attendait pas à pareille fête sur ce Tour 2010, est le grand bonhomme de ce début d'épreuve. "Deux étapes à mon âge, c'est très important" Et le Ligurien est aux anges à l'heure de l'analyse. "Deux étapes à mon âge, c'est très important à ce moment de ma carrière, confie-t-il au micro de France Télévision. C'était un peu difficile, mais j'ai réussi. Après le Tour de Suisse, je compte quatre victoires. Ça a été un sprint difficile avec un final tout aussi difficile. A Bruxelles, la route montait, là je n'avais rien à perdre et je savais que je pouvais être rapide." Il n'aura pas fallu beaucoup de temps pour que ses adversaires le comprennent. En grande forme, le néo-coureur Lampre, équipe qu'il a rejoint en début d'année, fait désormais office de candidat très sérieux au maillot vert. Au soir de cette quatrième étape, il ne pointe qu'à dix points de son porteur actuel, Thor Hushovd, le vainqueur de la veille. Avant cette explication attendue entre les rois de la vitesse, cinq hommes avaient tenté leurs chances à travers le Nord, l'Aisne, les Ardennes et la Marne. Partis dès les premiers kilomètres, les Français Nicolas Vogondy, Dimitri Champion, les Espagnols Inaki Isasi, Iban Mayoz et le Belge Francis De Greef n'ont jamais compté plus de quatre minutes d'avance sur le peloton et ont fini, à trois kilomètres du but, par se faire avaler. L'heure du premier vrai sprint de cette 97e édition avait sonné avec le dénouement que l'on connaît. Sans doute vexés par la domination d'un ancien, les jeunes sprinteurs aux dents longues auront vite envie de remettre de l'ordre dans une hiérarchie bien difficile à définir. L'occasion leur sera normalement donnée ces deux prochains jours. Mais ils ont déjà compris qu'il n'était pas simple de pousser Petacchi vers la sortie.