"Ils doivent sortir de leur bulle", a confié la secrétaire d'Etat chargée des sports.Que représente une Coupe du monde ?C'est un événement planétaire extraordinaire. On peut dire qu'une planète retient son souffle à cause d'un ballon rond ! C'est un véritable miracle, comme quoi le sport, et le football en particulier, est éminemment populaire. Il y a évidemment un enjeu sportif pour l'équipe de France et un enjeu pour ce pays si symbolique qu'est l'Afrique du Sud. En ce sens, c'est une Coupe du monde très particulière qui s'annonce.Comment expliquez-vous le désamour affiché entre l'équipe de France et ses supporters ?Tout est relatif, il y a ceux qui suivent l'équipe de France et même ceux qui ressentent ce sentiment de désamour suivent tout de même l'équipe de France car c'est une référence, le symbole du sport français. C'est peut-être parce ceux qui critiquent l'équipe de France aujourd'hui ont une grande exigence, attendent beaucoup qu'à la moindre déception, il y a des critiques. Il s'en suit des comportements grégaires avec des gens qui s'engouffrent dans la brèche pour taper et toujours taper... Ce n'est pas la première fois, on se souvient en 1998 c'était déjà le cas, Aimé Jacquet était la cible de beaucoup de critiques, tout le monde fonçait tête baissée, ce n'est donc pas la première fois et ça s'était bien terminé, donc on peut espérer que plus on tape, mieux ça se termine pour l'équipe de France. En dehors de la plaisanterie, je pense que les joueurs sont affectés, Domenech lui-même cherche à se protéger comme il peut. Les joueurs font-ils suffisamment d'efforts vis-à-vis des supporters ?J'ai beaucoup incité la Fédération, en privé comme en public, à une ouverture de l'équipe de France sur son public. On ne voyait plus à un moment donné des joueurs s'arrêter pour discuter avec des fans, signer des autographes, il y avait des entraînements bâchés... Je leur ai dit, ouvrez la vitrine, les gens sont fascinés, ils ont envie de savoir ce que font les joueurs, envie de les entendre s'exprimer. Je pense qu'ils l'ont fait à Tignes et j'espère qu'ils vont continuer à le faire. Le public à envie de les voir échanger, c'est une marque d'affection. Je les ai aussi incités à ne pas ignorer le monde qui les entoure. Ils doivent sortir de leur bulle pour mener des actions humanitaires, faire des dons à des associations, être sensibles à l'actualité. J'ai beaucoup apprécié qu'au moment du séisme, Thierry Henry fasse un don. Ça fait partie du lien qui doit s'établir entre l'équipe nationale et son public. Quand on vit une période de crise, les gens sont plus tendus, plus exigeants et ils disent: "Ils sont riches, ils ont des voitures de luxe et ils mettent un casque sur les oreilles." Ces petites choses, qui ont l'air d'être des détails, prennent une importance souvent extraordinaire. "Blanc, c'est une bonne nouvelle"L'exemple des casques sur les oreilles reste vraiment d'actualité... Ils n'ont pas de casque sur les oreilles quand je leur parle mais on le voit à la télévision, c'est de la concentration d'après ce que me dit la Fédération.Après un match, ce n'est plus de la concentration...Les gens ne le perçoivent pas de la même manière, aujourd'hui, c'est comme en politique, ce n'est pas la réalité qui compte c'est la perception que les gens ont d'une réalité. A partir du moment où il y a un décalage entre ce que vous pensez et ce que les gens pensent, il faut essayer de rattraper. Soit, les joueurs qui ne s'arrêtent pas pour signer des autographes comme ce fut parfois le cas dans le passé, c'est terminé ?Je l'espère. A Tignes, je les ai vus s'ouvrir au public, aller à la rencontre des gens, discuter, s'ouvrir et c'est bien. Il faut continuer comme ça.Pour en revenir à la Fédération, l'annonce, à moins d'un mois du début de la compétition, de l'arrivée de Laurent Blanc en remplacement de Raymond Domenech, est-elle opportune ?A partir du moment où ils l'ont annoncé il y a plusieurs mois, cela ne s'est pas arrêté. Est-ce opportun ? Je ne sais pas. J'ai compris l'explication qui consiste à dire: puisque Domenech s'en va après la Coupe du monde et qu'il faut trouver un sélectionneur avant que les entraîneurs n'aillent signer des contrats avec d'autres clubs, il faut bien le dire. Je leur ai dit que j'avais regretté les conséquences, soit que les joueurs aient été perturbés, autant les joueurs de Bordeaux que de l'équipe de France. Je peux comprendre mais les effets sont là. Que pensez-vous de l'arrivée de Laurent Blanc à la tête de l'équipe de France ?C'est une bonne nouvelle. Laurent Blanc est quelqu'un qui humainement me semble sain, il a des valeurs, c'est un champion du monde qui j'espère inspirera du respect aux joueurs. Et puis, il a fait en très peu de temps un très beau parcours d'entraîneur, même si la fin de saison a été un peu difficile. Il a été un joueur exceptionnel, un entraîneur exceptionnel, fera-t-il un bon sélectionneur, l'avenir le dira.L'interview de Rama Yade en vidéo: