TOUR DE FRANCE - Le Français s'est imposé à Bagnères-de-Luchon lors de la 15e étape. Deux jours après avoir qualifié, avec le franc-parler qu'on lui connaît, d'anecdotique son attaque vaine derrière Alexandre Vinokourov vers Revel, Thomas Voeckler, qui avait alors précisé vouloir courir devant lors de la dernière semaine du Tour, a tenu promesse. Au lendemain de la victoire de Christophe Riblon à Ax-3 Domaines, qui faisait suite déjà à celles de Sylvain Chavanel, vainqueur à Spa et aux Rousses, et de Sandy Casar à Saint-Jean-de-Maurienne, le champion de France en titre a hissé son maillot bleu-blanc-rouge en tête de la course lors de la 15e étape jusqu'à s'imposer, en solitaire, sur la ligne d'arrivée de Bagnères-de-Luchon. "Je ne sais pas trop quoi dire", déclarait à chaud le coureur de la Bbox Bouygues Telecom, un « bon client » pour la presse soudain privé de mot. "Je ne pense pas que je l'ai volé cette victoire, j'ai connu beaucoup de moments difficiles en queue de peloton depuis le début du Tour, j'arrivais parfois même après les sprinteurs. Aujourd'hui, c'est mon douzième grand tour, je sais comment ça se passe. Sans cette expérience, je pense que j'aurai abandonné quand Paulhino a gagné son étape à Gap", ajoutait devant la caméra de France Télévisions le Vendéen, victime de problèmes intestinaux en début de Grande Boucle. Quand son copain Anthony Charteau "voltigeait" dans les cols depuis le début du Tour pour parader fièrement avec son maillot à pois, Voeckler était en souffrance à l'arrière du peloton. Pas loin d'abandonner. Mais conscient que la roue pouvait tourner. "C'est surtout le cas pour les vieux comme moi", glisse avec malice celui qui vient de fêter ses 31 ans. Les jambes de retour, il a saisi l'occasion. Sur une étape qu'il n'avait pas forcément cochée. Ecoutez Thomas Voeckler au micro de Loïs Ledu : Avec dix minutes d'avance sur le groupe des hommes forts au pied du port de Balès, une difficulté qu'il connaissait "très bien", l'affaire était bien engagée. Restait à se défaire de ses neuf compagnons d'échappée. Avec le soutien de la foule massée sur le bord de la route. "Je remercie le public de m'encourager, ça me gène même un peu par rapport aux autres", confie sans fausse pudeur celui qui, depuis ses dix jours en jaune en 2004 et ses deux titres de champion de France (2004 et 2010), est devenu la coqueluche du public français, comme un Richard Virenque en son temps. Un public comblé depuis le départ de ce Tour de France. "Le public attend énormément des Français sur le Tour et c'est normal. On n'est pas brillant au classement général, mais on ne peut rien nous reprocher sur le tempérament. On va au bout de nous même. Cinq victoires françaises sur quinze étapes ça fait un beau pourcentage." Et avec le maillot bleu-blanc-rouge, c'est encore mieux. "C'est ma plus belle journée du Tour 2010. Après le championnat de France, j'avais dit que j'allais essayer de porter le maillot sur le Tour du mieux possible. Je pense que c'est fait", apprécie l'Alsacien de naissance, le Martiniquais de coeur qui a remporté l'année dernière sa première victoire sur le Tour à Perpignan. Cette victoire de Voeckler tombe à pic pour Jean-René Bernaudeau, toujours à la recherche d'un nouveau partenaire titre pour prendre le relais en fin d'année Bbox Bouygues Telecom et sauver une structure qui existe depuis 2000 et comprend, outre le groupe professionnel, équipe réserve (Vendée U) et un pôle sport-étude. "L'avenir est assuré. On sera là l'an prochain", a déclaré un Jean-René Bernaudeau comblé même s'il sait que la solution trouvée ne pourrait être que provisoire parce que liée au fait que le Grand Départ du Tour de France se déroulera l'an prochain en Vendée, fief de son équipe. "Mais j'aimerais qu'on soit là d'une manière durable avec une montée en pression et éventuellement un (sponsor en) renfort", a précisé le manager français qui digère mal le départ de Steve Chainel pour la FDJ. Mais, à l'instar de son champion, les mauvais jours sont déjà peut-être derrière lui.