Une enquête explosive pour la Fédération française de football (FFF). Un journaliste indépendant, Romain Molina, décrit une forme de loi du silence institutionnalisée dans un long article issu de deux ans de travail et publié ce vendredi dans un titre de la presse norvégienne. Selon lui, durant 40 ans, la FFF aurait tenté de cacher des abus sexuels. Des cas d'abus, mais aussi d'agression et de harcèlement sexuels sur majeurs et mineurs qui n'auraient, dans la plupart des cas, jamais été signalés aux autorités.
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"Que ce soit des abus sur mineurs, des attouchements, des violences, du chantage sexuel ou autres, soit des crimes punissables par la loi française, en aucun cas la fédération n'a saisi l'autorité. À une reprise seulement, parce que les joueuses avaient menacé de faire grève", raconte le journaliste français au micro d'Europe 1. "Sur les neuf autres cas, ils n'ont jamais saisi quelqu'un."
Une entraîneuse accusée de relations sexuelles auprès de mineurs
Dans cette enquête, Romain Molina évoque une entraîneuse licenciée de la fédération française après de supposées relations sexuelles avec des joueurs mineurs à Clairefontaine. Si le président Noël Le Graët a alerté par courrier le procureur de la République, le journaliste affirme également que cette coach a continué à travailler auprès d'enfants.
Sur les dix cas évoqués dans son article, Romain Molina avance que les responsables politiques de l'époque n'ont pas été prévenus. En attendant, selon les informations d'Europe 1, aucune enquête judiciaire n'a été ouverte.
De nombreux autres dysfonctionnements révélés
Le papier du journaliste indépendant a été publié juste avant le lancement d'un audit par le ministère des Sports, après la publication d'une autre enquête, celle du magazine "So Foot", pointant de nombreux dysfonctionnements au sein de la FFF et notamment l'envoi de SMS à caractère sexuel à des employées de la FFF par le président Noël Le Graët.
Ce lancement d'un audit est une procédure très rare, un signe que la ministre Amélie Oudéa-Castéra prend cette affaire très au sérieux. Des enquêteurs du ministère des Sports vont venir à la fédération pour entendre les principaux dirigeants et éplucher les différents documents. L'objectif est de vérifier les informations de "So Foot", qui évoquait aussi une ambiance toxique au sein de la FFF ou encore une guerre des clans. Jeudi, la Fédération française de football a d'ailleurs porté plainte contre le magazine pour diffamation.