Il y a des alpinistes qui tentent de gravir le mont Blanc, d'autres qui veulent atteindre le toit du monde, l'Everest. Et il y a Sophie Lavaud. Cette alpiniste est devenue, le 26 juin 2023, la première française à avoir gravi les 14 sommets à plus de 8.000 mètres d'altitude. Un challenge qui lui aura demandé 11 années de sa vie pour être accompli. Invitée du Studio des Légendes de Jacques Vendroux, Sophie Lavaud raconte son parcours de vie, ses ascensions et les dangers qu'elle a dû affronter.
"J'organisais mes vacances par rapport au fait de vouloir gravir un 5.000 mètres"
Bien qu'elle ait "évolué en montagne" dans sa jeunesse, dans la vallée de Chamonix, dans les Alpes, la passion de l'alpinisme n'est pas venue tout de suite chez Sophie Lavaud. Ce déclic, elle l'a eue grâce à un proche : "À l'époque, j'avais un ami qui avait le rêve de faire le mont Blanc. On a fait un pari et on s'est dit qu'on allait faire le mont Blanc. Il a réalisé son rêve et moi, j'ai eu le déclic".
Rapidement, le désir de vouloir aller de plus en plus haut est apparu : "Parallèlement à mon métier, j'organisais mes vacances par rapport au fait de vouloir gravir un 5.000 mètres". Finalement, la crise économique de 2008 lui "a donné du temps pour tenter un 8.000 mètres".
Pour tenter le challenge des 14 "8.000", Sophie Lavaud avait besoin d'un nouveau déclic, celui-ci est apparu au meilleur endroit, en 2014 : "Le déclic est venu au sommet de l'Everest. C'est le toit du monde, et je me suis dit 'j'ai pas envie d'arrêter du tout'. J'aime ce monde de l'expédition, c'est à partir de là que je me suis dit 'et si je tentais ce Graal, ce rêve un peu dingue de gravir les 14".
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"Quelqu'un qui flanche ou s'endort ne va jamais se réveiller"
Pour accomplir ces expéditions, il faut une organisation bien spécifique à faire en amont, qui peut s'avérer bien coûteuse : "On se regroupe avec plusieurs membres d'expéditions sur un même permis. En Himalaya, les montagnes sont régulées, il faut faire des demandes de permis et d'autorisation, il y a des officiers de liaison qui sont rattachés à chaque expédition au camp de base. C'est une organisation qui coûte de l'argent". Les grimpeurs suivent ensuite un itinéraire "ouvert par une équipe de tête de sherpas qui vont aussi sécuriser les parties techniques". L'ascension se fait en binôme, "c'est un grimpeur et un sherpa". C'est ensemble qu'ils définissent leur stratégie pour l'épreuve qui les attend.
D'autant que ces ascensions à 8.000 mètres d'altitude comportent bien des risques. Au-dessus de cette altitude, l'homme "n'est pas en capacité de survivre". Le risque principal est le manque d'oxygène : "L'hypoxie altère la réflexion et le fonctionnement du corps, ce qui rend ces ascensions extrêmement difficiles. Quelqu'un qui flanche ou s'endort ne va jamais se réveiller. On n'aura pas la capacité de l'aider à redescendre, c'est ce qui fait la particularité de ces ascensions, bien différentes des Alpes".
Malgré l'accomplissement de ce challenge hors normes et les dangers qu'elle a su éviter, Sophie Lavaud ne compte pas arrêter de grimper, bien au contraire : "Je vais arrêter de grimper à 8.000 mètres, mais c'est clair que je ne vais pas arrêter de grimper. J'ai un nouveau challenge, le 'Seven summits', qui est l'ascension des points culminants de chaque continent". Un documentaire, Le dernier sommet de François Damilano, retrace le dernier exploit de l'alpiniste française et sera diffusé sur Canal +, le 23 mai prochain.