Encore raté ! Alors que l'on a cru pendant très longtemps qu'un coureur français allait succéder à Bernard Hinault au palmarès du Tour de France cette année, Thibaut Pinot, blessé, puis Julian Alaphilippe, lâché dans le col de l'Iseran, ont tous les deux vu leurs espoirs de l'emporter s'envoler. Le Blaireau, vainqueur de son dernier Tour en 1985, va donc devoir attendre un an de plus avoir d'avoir un successeur. "Ça ne me pèse pas, je vis avec, c'est tout. J'attends avec beaucoup d'impatience que quelqu'un prenne ma place", a admis le Breton dans Le Club Tour, dimanche soir, sur Europe 1. "J'espère que ce n'est que partie remise, mais bon, je pense qu'avec Bernal, on est partie pour un long bail, et ça va être difficile pour nous, les coureurs français, de lui prendre ce Maillot jaune. Ou alors, il faudra qu'il ne soit pas présent au départ…"
Même si Julian Alaphilippe n'a pas tenu en jaune jusqu'au bout, Bernard Hinault a été enchanté par le n°1 mondial, capable, comme lui à l'époque, de jouer la gagne sur tous les terrains, dans le vent, en montagne et dans le contre-la-montre. "Il nous a fait rêver, ça c'est sûr", insiste le quintuple vainqueur de la Grande Boucle. "S'il n'avait pas été là, on aurait eu un Tour très triste, parce qu'il a osé attaquer à des endroits où personne ne l'attendait. Il a fait un superbe contre-la-montre (vainqueur devant Geraint Thomas, ndlr), il a porté le Maillot jaune le plus longtemps possible (quatorze jours en tout, ndlr), mais avec les deux dernières étapes au programme, il était difficile pour lui d'aller jusqu'au bout. Mais peut-être qu'il aurait pu être sur le podium, mais il a lâché un peu, juste au dernier moment…"
En dehors d'Alaphilippe et de Pinot, ce Tour a également révélé le potentiel d'autres coureurs tricolores, comme David Gaudu (Groupama-FDJ), 22 ans et 13ème du classement général. Plus tôt dans la saison, Valentin Madouas (Groupama-FDJ), à peine plus âgé (23 ans), avait terminé à la même place sur le Tour d'Italie. De quoi avoir de l'espoir en l'avenir. "La relève est là, on ne peut pas dire le contraire", relève Bernard Hinault. "Mais est-ce que ce seront eux qui prendront le Maillot jaune ? C'est autre chose, car ils ont tous une petite lacune, le contre-la-montre. Et quand on n'est pas très bon contre-la-montre, on ne peut pas gagner le Tour, ou alors, il faut être un attaquant et prendre des risques, et être prêt à tout perdre…"
En plus de Bernal, Bernard Hinault souligne que les Français auront fort à faire dans les années à venir avec le Néerlandais Mathieu van der Poel, 24 ans, petit-fils de Raymond Poulidor et vainqueur de l'Amstel Gold Race cette année, ou le Belge Remco Evenepoel, 19 ans, champion du monde sur route juniors et surnommé "le Petit Cannibale", deux coureurs dont on ne connaît pas les limites…