Coupe du monde 2022 : pourquoi le match Serbie-Suisse outrepasse le cadre sportif ?

La sélection serbe peaufine les derniers réglages avant d'affronter la Suisse vendredi à Doha.
La sélection serbe peaufine les derniers réglages avant d'affronter la Suisse vendredi à Doha. © ANDREJ ISAKOVIC / AFP
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Romain Rouillard , modifié à
Ce vendredi, la Serbie et la Suisse s'affrontent pour leur troisième et dernier match de groupes dans ce Mondial 2022. Une rencontre d'importance à la fois sur le plan sportif mais également d'un point de vue géopolitique. Lors de la Coupe du monde 2018, la délicate question du Kosovo s'était invitée au cœur de cette même affiche.

Ce n’est pas l’affiche la plus clinquante de ce Mondial 2022. Elle va même prendre des allures de déjà-vu puisque Serbes et Suisses avaient déjà croisé le fer lors de la précédente édition, en 2018. Et pourtant, la confrontation de vendredi entre ces deux sélections, qui aura pour théâtre l’atypique Stadium 974, dépasse le simple cadre sportif et va revêtir un aspect géopolitique.

Pour en prendre la mesure, il faut précisément remonter à cette fameuse opposition de juin 2018 à Kaliningrad en Russie. Ce soir-là, la Suisse l’emporte sur le fil face aux Serbes (1-2) et décroche un succès crucial dans la course aux huitièmes de finale du Mondial. Mais au-delà du résultat sportif, il convient d’observer la célébration des buts suisses, inscrits par Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri, deux cadres de la sélection helvète, encore aujourd’hui. Les deux joueurs avaient alors mimé l’aigle bicéphale représenté sur le drapeau albanais, adressant ainsi un clin d’œil au pays dont ils sont originaires. 

L'épineuse question du Kosovo

Difficile néanmoins ne pas y voir un geste provocateur à l'endroit des Serbes dont le ressentiment à l'égard de la population albanaise est pour le moins patent. Un désamour lié à l'épineuse question du Kosovo, cet État indépendant de la Serbie depuis 2008, peuplé en grande majorité d'Albanais, mais revendiqué par Belgrade pour des raisons historiques. Preuve des tensions qui existent entre les deux parties, l'ancien président du Kosovo, Hashim Thaçi, avait adressé de chaleureuses félicitations à la sélection suisse il y a quatre ans et leur succès s'était accompagné d'un concert de klaxons dans les rues de Pristina, la capitale kosovare.

 

Un enjeu sportif de taille 

Le camp serbe n'a évidemment rien oublié de cette douloureuse soirée. Il a d'ailleurs lancé les premières hostilités quelques minutes avant son entrée en lice face au Brésil la semaine dernière (défaite 2-0) en publiant une photo du vestiaire où était accroché un drapeau de la Serbie, intégrant le territoire du Kosovo. Et sur lequel figurait le message : "Il n'y aura pas de reddition". La Fifa a d'ailleurs ouvert une procédure disciplinaire à l'encontre de la Fédération serbe de football.

De quoi pimenter encore un peu plus l'affrontement de vendredi soir, d'autant que l'enjeu sportif sera de taille pour les hommes de Dragan Stojkovic. En cas de succès face aux Suisses, leur qualification en huitièmes de finale serait quasiment actée. Seule une surprenante victoire du Cameroun face au Brésil pourrait alors les priver du précieux sésame qu'ils n'étaient pas parvenus à décrocher en 2018.