Accablée par les polémiques ces dernières semaines, la Fédération française de football (FFF) et son Comité exécutif (Comex) doit se réunir ce mardi à 10 heures. Selon toute vraisemblance, Noël Le Graët, mis en retrait de ses fonctions en janvier dernier, devrait, à cette occasion, démissionner de son poste de président.
Après onze ans de mandat à la tête du football français, le dirigeant breton dirige peut-être son dernier "Comex" au 87, boulevard de Grenelle, siège parisien de la fédération sportive la plus puissante du pays, en passe de changer d'ère.
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Hypothèse d'une démission
L'entourage de l'entrepreneur de 81 ans et plusieurs membres de son cercle proche à la FFF, sondés par l'AFP, reconnaissent en tout cas une dynamique très favorable à l'hypothèse d'une démission, après plusieurs mois de turbulences. "La démission semble quasiment acquise", assure un membre du comité exécutif. Un autre évalue à "99%" les chances de voir l'ancien maire de Guingamp se retirer.
"J'ai senti, même si ça lui en coûte beaucoup, qu'il était dans cet état d'esprit de faire passer l'intérêt de la Fédération avant son intérêt personnel", a assuré Jean-Michel Aulas, proche de Le Graët et membre du Comex, au quotidien L'Equipe lundi.
Tous, néanmoins, connaissent mieux que quiconque le caractère imprévisible - "têtu" pour certains - du Breton, qui s'accroche à son poste depuis plusieurs semaines malgré les vents contraires. Ses déclarations maladroites, ses écarts supposés de conduite, son management décrié et l'enquête dont il fait l'objet pour harcèlement moral et sexuel finiront-ils par le pousser à lâcher la barre ?
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Lâché par son "Comex"
Le rapport d'audit de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), rendu le 15 février, n'a pas de valeur contraignante, mais il accable le "Menhir" du foot français, lâché depuis des mois par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra qui l'a appelé à prendre "les bonnes décisions".
Selon les inspecteurs, Le Graët "ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français", compte tenu notamment de son "comportement inapproprié (…) vis-à-vis des femmes". Si les avocats du Breton ont dénoncé une mission d'audit "aux allures de réquisitoire", soumise "à une pression politique et médiatique qui n'ont pu que la biaiser", Le Graët doit désormais se rendre à l'évidence: son Comex, autrefois si fidèle, ne le soutient plus.
"Il ne sortira pas par la grande porte, mais s'il arrête maintenant, il peut encore sauver les meubles et avoir une sortie honorable", insiste un président de Ligue régionale, préférant garder l'anonymat. Si l'entrepreneur breton s'en va, le président intérimaire Philippe Diallo gardera les rênes jusqu'à l'Assemblée fédérale du mois de juin. S'il s'accroche toujours à son fauteuil, en revanche, les discussions s'annoncent plus houleuses autour de la table.
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Le cas Diacre s'immisce
Certains se sont dit prêts à démissionner du "Comex" en vue de provoquer de nouvelles élections - il faudrait pour cela que la moitié de ses quatorze membres quittent le navire, selon les statuts -, d'autres semblent plus hésitants à l'idée de lâcher leur poste.
Le président de la Ligue de Paris-Île-de-France, Jamel Sandjak, a devancé tout le monde en annonçant sa démission dès jeudi, constatant "l'impuissance" de cet organe censé faire office de "gouvernement" de la Fédération. Quoi qu'il advienne, le maintien en poste de Le Graët paraît illusoire. "Notre levier à nous, s'il ne démissionne pas, ce sera de le traduire devant une commission de discipline", a prévenu auprès de l'AFP le président du Conseil national de l'éthique (CNE) Patrick Anton, ouvrant la voie à une "radiation", un dispositif statutaire.
Quant à la Haute autorité du football (HAF), organe de contrôle, elle a fait appel depuis dix jours à un avocat spécialisé "pour préparer l'éventualité d'une convocation d'une Assemblée Fédérale" élective, un "procédé qui n'est plus à exclure", selon le procès-verbal de sa dernière réunion.
L'avenir de Diacre en jeu
Au coeur de ces débats, l'état-major de la "Fédé" devra aussi se positionner sur un cas très inflammable, celui de l'équipe de France féminine et de sa sélectionneuse Corinne Diacre, fragilisée après la mise en retrait de ses trois joueuses phares Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, qui critiquent son management.
À cinq mois de la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande (20 juillet - 20 août), la crise est insoluble. Donner raison aux joueuses en écartant Diacre reviendrait à leur donner le pouvoir, une dangereuse jurisprudence. Mais l'inaction face à une fronde inédite réduirait sans doute à néant les chances de titre en Océanie...