Viser le septième ciel sans l'étoile Johannès. L'encadrement de l'équipe de France féminine de basket s'est privé, dans sa quête du titre à l'Euro 2023 (15-25 juin), de son "facteur X" qui, engagé en WNBA, ne peut remplir la condition fixée de participer à l'ensemble de la préparation. L'arrière de l'Asvel (28 ans, 105 sélections), capable de passes lumineuses et de prendre feu au tir, est contrainte, pour valider son contrat avec le Liberty New York pour la saison du championnat nord-américain (de mi-mai à mi-septembre), de faire un aller-retour aux Etats-Unis et d'y rester jusqu'au 1er juin.
"Je pense au vécu en commun"
"Avec le voyage, le décalage horaire, elle n'aurait pu jouer le 2 et le 3 (matches de préparation contre la Chine), ensuite on est 'off' (de repos) jusqu'au 7 (dernier match amical avant l'Euro)", a expliqué à la presse la manager des Bleues Céline Dumerc. Ne restaient alors que "deux entraînements et deux matches" (dont un d'entraînement) avant l'Euro, qui débute seulement trois semaines après la fin de la saison française.
Trop peu, selon le staff pour huiler les rouages d'une équipe de France qui vise en Slovénie son troisième sacre continental (après 2001 et 2009) après cinq défaites successives en finale. "Pour être championnes d'Europe, on ne peut pas se permettre d'arriver au dernier moment. Jouer au plus haut niveau nécessite des automatismes. Le temps m'est compté. Je pense au vécu en commun", a souligné le sélectionneur Jean-Aimé Toupane.
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L'expérience de 2022
L'an dernier, pour la Coupe du monde fin septembre en Australie, il avait autorisé Johannès et deux autres joueuses, Gabby Williams et Iliana Rupert, à rejoindre la sélection une fois la saison américaine terminée - le temps de préparation impartie était beaucoup plus long. "On n'a pas eu le retour attendu, c'est pour ça qu'Aimé est parti dans cette optique" cette année, a affirmé Dumerc. Après avoir cumulé les saisons européenne et américaine, Johannès s'était blessée trois jours avant l'entrée en lice des Bleus alors que Rupert, championne WNBA, n'était arrivée qu'en cours de compétition, fatiguée.
Williams était elle bien là : elle a terminé meilleure marqueuse des Bleues (15,8 pts de moyenne), éliminées en quart de finale par la Chine, future vice-championne du monde. Elle manquera cette fois le rendez-vous européen après avoir été victime d'une commotion cérébrale le 13 mai avec l'Asvel, qui l'oblige à observer un repos de plusieurs semaines et donc à manquer également le début de la préparation.
Sans cette blessure, la Franco-Américaine aussi aurait été "tiraillée", selon les mots de Toupane au sujet de Johannès, entre la lucrative et sportivement attractive WNBA et la sélection nationale. Et l'encadrement des Bleues aurait également eu à trancher comme pour "MJ", qui partage les mêmes initiales que son idole Michael Jordan dont elle a repris jusqu'au numéro sur le maillot (le 23).
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Batum monte au contre
Selon Toupane, Johannès, sacrée championne de France lundi, n'était initialement pas obligée par la WNBA de rester aux Etats-Unis jusqu'au 1er juin, ce qui aurait pu lui permettre de participer à l'ensemble de la préparation des Bleues. "Mais vendredi dernier elle m'appelle en me disant qu'on a remodifié son contrat, qu'elle devait y aller", a-t-il expliqué. "On attendait tous un revirement de situation et qu'elle arrive demain (vendredi)", a complété Dumerc.
La situation n'a pas changé et l'absence de Johannès a déclenché l'ire du capitaine des Bleus Nicolas Batum. "Elle demande une semaine pour régler un truc contractuel et on lui monte un ultimatum 'si tu ne viens pas, tu ne feras pas les JO'... Je trouve ça extrêmement dégueulasse", a estimé Batum dans un entretien au média en ligne First Team. "Les JO (de Paris) c'est un autre sujet. On verra pour ce qui est de l'année prochaine", a commenté Dumerc, ancienne capitaine des Bleues.
Toupane de son côté dément avoir "fermé les portes de l''équipe de France à Johannès", contre qui il n'a "rien". "On sait la joueuse qu'elle est, ce qu'elle a fait pour le maillot France", a-t-il ajouté. Mais cet été, elle regardera ses équipières depuis New York.