"J'y suis allé à reculons." Voilà ce que confie Guy Roux lorsqu'on l'interroge sur le dernier défi de sa longue carrière d'entraîneur, à Lens, en 2007. Et celui-ci ne s'est pas vraiment révélé une réussite, car l'emblématique technicien originaire de Bourgogne a quitté la cité artésienne au bout de seulement deux mois et demi. Dans l'émission Face aux auditeurs qui lui est consacrée sur Europe 1 dimanche 29 décembre de 20h à 21h30, l'ancien coach se livre sur une expérience qui tranche indéniablement avec le reste de son CV taille patron.
Pourquoi il a coaché Lens
Retour en 2007. Guy Roux, 68 ans, n'est plus l'entraîneur d'Auxerre depuis 2005 mais continue de graviter aux abords du stade de l'Abbé-Deschamps, sans la bénédiction du nouvel encadrement. "J'avais eu un attentat à Auxerre de l'entraîneur en place et des dirigeants, qui disaient que je gênais, alors que je ne gênais pas plus qu'aujourd'hui", se souvient-il douze ans plus tard.
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Et dans sa mémoire émerge un moment précis : "C'était un midi. J'étais au club depuis 52 ans, j'ai cru que le sol se dérobait sous mes jambes." L'abattement ne durera pas trop longtemps. "À 15 heures, Alain Migliaccio, le plus grand agent de l'époque, et Jean-Pierre Bernès [un autre célèbre agent français, NDLR] me téléphonent : 'Veux-tu prendre Lens, Monaco ou Bordeaux, ils te veulent tous les trois !' J'ai dit que je voulais aller à Lens." Et voilà l'homme de l'Yonne parti pour une dernière mission dans le Pas-de-Calais. "Je suis allé à Lens parce qu'on jouait là-bas le jour de mes 60 ans et ils avaient sorti 1.000 lampes de mineurs qu'ils avaient allumées dans le stade. Ça m'avait touché", explique-t-il aujourd'hui.
Les Lensois lui "tiraient des larmes"
Arrivé en juin 2007, Guy Roux a à peine le temps de défaire ses valises qu'il quitte lui-même le club fin août, au début de la saison. "Ça n'a pas marché, ils n'ont pas pu garder tout à fait le merveilleux effectif qu'ils avaient (la saison précédente). Gervais (Martel, le président) me dit : 'J'aimerais que tu terminer troisième et qu'on batte Lille deux fois'. Je lui dis : 'Battre Lille deux fois, c'est possible, mais je ne peux pas terminer troisième'. Je n'avais pas une équipe pour faire ce résultat."
Plus de dix ans après ce baroud d'honneur, que reste-t-il ? "Je ne ne regrette pas (le choix de Lens), je regrette de ne pas leur avoir fait plaisir", nuance le bonnet le plus célèbre du football français. "En dehors des Auxerrois que je chéris toujours, ce sont les gens les plus sympathiques que j'aie jamais connus. Ils me tiraient des larmes. Je partais le long des corons, ils étaient dans le jardin pour m'applaudir tous les soirs. La déception, c'est moi qui l'ai donnée en ne les emmenant pas là où je voulais les emmener." Et c'est ainsi que Guy Roux referma définitivement sa carrière majuscule.