Marie-Amélie Le Fur a déjà rapporté deux médailles d'or à l'équipe de France paralympiques. Vendredi, elle a dominé la compétition de saut en longueur en battant son propre record du monde avec deux sauts à 5,83 m. "Cette médaille, elle a le goût du plaisir et de la satisfaction après tant d’années de travail", a-t-elle confié à La Croix. Elle a ensuite été sacrée championne paralympique du 400m, mardi. Et en terme de distinctions sportives, elle n'en est pas à son coup d'essai. Aux jeux de Londres, en 2012, elle avait déjà remporté la médaille d'or en battant le record de 3 centièmes sur 100m. Portrait d'une jeune femme que rien n'arrête.
Du sport à l'handisport. Marie-Amélie Le Fur est une passionnée d'athlétisme. À six ans, elle se met à courir, une belle carrière l'attend sans doute. Mais un grave accident de scooter met un coup d'arrêt à ses espoirs. Trois jours après l'accident, elle doit être amputée de la jambe gauche sous le genou. Pour la jeune fille qui voulait devenir pompier professionnel, la nouvelle est rude. Mais qu'à cela ne tienne, la jeune fille de 15 ans est une battante. Les médecins lui conseillaient d'attendre un an mais quatre mois seulement après l'opération, elle retourne sur la piste.
Une reprise sportive qui s'est faite au cours du tournage d'un téléfilm, Celle qui reste, qui raconte l'histoire d'une jeune fille qui porte une prothèse et découvre les joies de l'athlétisme. C'est grâce à ce tournage que Marie-Amélie reçoit sa première "lame", explique-t-elle sur son site Internet. Dès l'année suivante, elle commence les compétitions handisport qu'elle survole. En quelques années, la jeune femme qui va fêter ses 28 ans arbore l'un des plus beaux palmarès du paralympisme français avec trois médailles d'or, dont celles de Rio, une médaille d'argent sur 200m et une médaille de bronze en saut en longueur en 2012 mais également deux titres de championne d'Europe et quatre de championne du monde en saut et en course.
Un investissement de tous les jours. Pourtant ces troisièmes jeux étaient presque compromis à cause d'une déchirure à la cuisse droite, mais rien n'arrête Marie-Amélie Le Fur. D'autant plus qu'elle est la capitaine de l'équipe de France paralympique d'athlétisme alors pas question d'abandonner. La sportive se donne à fond pour réussir ce qu'elle entreprend. Elle se soumet à neuf entraînements par semaine, "ce qui représente entre 15 et 20 heures de travail", racontait-elle à La Croix, lors de sa préparation pour l’événement à Blois. "Le rythme est encore plus soutenu lorsque je pars en stage".
Un investissement rendu possible par EDF, l'entreprise dans laquelle elle accompagne des managers dans leur projet de changement à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux, dans le Loir-et-Cher. Le groupe lui permet de dégager 50 à 60% de son temps pour se consacrer à son entraînement. Un soutien nécessaire qu'elle trouve aussi auprès du groupe orthopédique islandais Össur qui lui fournit gratuitement une prothèse de course.
Des activités multiples. Et du temps, elle en a besoin pour mener de front toutes ses activités. Elle fait de la sensibilisation au handicap et au handisport à travers un fonds dont elle est marraine mais aussi, plus surprenant, le jeu-vidéo Deus Ex Mankind Divided qui l'a choisie comme ambassadrice. Le troisième volet de la saga vidéo-ludique met en scène des personnages améliorés grâce à la technologie. "Nous vivons à notre échelle la même chose car nous disposons désormais de prothèses vraiment performantes qui nous permettent d’obtenir d’excellents résultats, de plus en plus proches des athlètes valides. Du coup, ils nous rejettent et ne veulent plus de nous dans leur circuit", raconte-t-elle à l'Équipe.
Des activités passionnantes mais malgré tout épuisantes. "Après les Jeux, j’aurai besoin de prendre du temps pour moi, pour me reposer", a-t-elle confié au Figaro. "Mais, après quelques mois, je ne m’interdis pas de revenir sur les pistes. Mais seulement si l’envie est encore présente." La jeune femme pense tout de même à mettre fin à sa carrière après les Jeux de Rio pour consacrer plus de temps à ses interventions dans les écoles pour sensibiliser les enfants au handicap. Mais avant cette possible retraite, place à la compétition. Il lui reste à courir les 200m et 100m pour espérer remporter encore quelques médailles.