Un an de prison ferme pour violences conjugales, mais sans retour à la case prison: la justice a offert une ultime chance à Mohamed Haouas mardi. Mais pas Clermont ni le XV de France, qui ont refusé que le pilier montpelliérain porte leurs couleurs. "Vous vous rendez compte ? Il a fait quatre jours de prison et on lui a encore laissé une chance. Cette fois-ci, s'il ne la saisit pas, on ne pourra plus rien faire", a réagi, visiblement soulagé, l'avocat du joueur de Montpellier, Me Marc Gallix.
Le tribunal correctionnel de Montpellier n'a donc pas suivi la procureure, qui avait requis au total 18 mois de prison ferme avec mandat de dépôt et donc maintien en détention, contre le première ligne du MHR, jugé pour avoir frappé sa femme vendredi, après l'avoir vue fumer une cigarette devant le centre commercial où elle travaille.
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Mohamed Haouas placé en détention provisoire
Le joueur, âgé de 29 ans, placé en détention dans l'attente de son procès en comparution immédiate, est certes reparti vers la prison à l'issue de l'audience, mais pour les formalités de remise en liberté. "Ce soir, tous ses amis, sa femme même, vont aller le chercher à la prison", a commenté Me Gallix.
"Choquée" par la violence exercée sur elle par son mari --pour la première fois, a-t-elle affirmé à l'audience--, celle-ci n'avait pas porté plainte. Mais elle s'est portée partie civile, afin de signifier qu'elle "ne cautionne pas" son geste. Et elle veut le "retrouver ce soir, avec les enfants", afin de "pouvoir discuter dans l'intimité du couple", a expliqué son avocat après le jugement, en se disant "satisfait" de la décision de justice.
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Le Français "ne pourra pas porter, sur le terrain, les couleurs du club"
Sur le plan sportif, le joueur montpelliérain est par contre désormais sans employeur, le club de Clermont, qu'il devait rejoindre pour trois ans à compter du 1er juillet, ayant finalement résilié son contrat. Mohamed Haouas "ne pourra pas porter, sur le terrain, les couleurs du club", a annoncé l'ASM dès l'annonce du jugement, estimant que les faits reprochés à l'international étaient "inacceptables".
"S'il était resté en prison, Clermont aurait fait constater qu'il ne se présentait pas à l'entraînement le 1er juillet, donc il n'y aurait pas eu d'indemnités à verser. A présent (...) ils vont devoir lui verser une indemnité assez forte, puisqu'il avait un salaire prévu d'un peu plus de 300.000 euros par an", avait déclaré peu avant Me Gallix, anticipant la décision du club auvergnat.
Une croix sur le Mondial
Sélectionné à 16 reprises sous le maillot de l'équipe de France, le colosse montpelliérain (1,85 m, 123 kg) va aussi rater le Mondial-2023 en France (8 septembre-28 octobre). "Le comportement de Mohammed Haouas est inadmissible et incompatible" avec une sélection en Bleu, a ainsi asséné la FFR dans un communiqué, en prenant acte de la condamnation du joueur. Exclu contre l'Ecosse en février, après un premier carton rouge reçu contre cette même équipe en 2020, Mohamed Haouas était déjà sur la sellette sportivement. Mais le suspense sur sa participation à la Coupe du monde a définitivement pris fin, à quelques jours de l'annonce de la liste des Bleus retenus pour préparer la compétition, par Fabien Galthié le 21 juin.
"Le problème, c'est qu'elle m'a menti, (...) je ne me suis pas contrôlé. Je me suis fait un film", avait tenté de se justifier à l'audience le joueur, revenant sur les coups portés à son épouse vendredi en fin d'après-midi. "Je m'en veux vraiment, (...) c'est ma femme, je t'aime, je t'aime", avait insisté le joueur en se tournant vers son épouse, avec qui il a eu deux enfants. Quant aux coups, ce n'était qu'"un petit croche-pied", pour la faire tomber, puis "une petite gifle, comme ça", avait-t-il décrit, assurant que "jamais de la vie" il ne recommencerait et se disant prêt à suivre des soins pour apprendre à se maîtriser. Le joueur du MHR avait déjà été condamné en février 2022 à 18 mois de prison avec sursis, pour des cambriolages de bureaux de tabac à Montpellier, en 2014. Le 12 mai, lors d'un second procès, pour sa participation à une violente bagarre le 1er janvier 2014, le parquet avait requis une peine de deux ans avec sursis. Le délibéré dans cette affaire est attendu au 30 juin.