Il rêve d'une galère de trois mois, seul sur un bateau en plein milieu de l'océan, sans assistance ni escale. Damien Seguin, né sans main gauche, a un projet fou : devenir le premier navigateur handicapé à participer au Vendée Globe, une des plus prestigieuses courses en solitaire de la planète. Pour l'édition 2016, qui s'élancera des Sables d'Olonne le 6 novembre prochain, les inscriptions sont déjà closes. Mais Damien Seguin espère bien disputer le Vendée Globe suivant, en 2020, pour entrer dans l'histoire de son sport.
Un skippeur expérimenté. Damien Seguin n'est pas inconnu dans le monde de la voile. Le skippeur de 36 ans compte déjà un palmarès bien fourni. Médaillé d'or aux Jeux paralympiques d'Athènes en 2004, en argent à Londres en 2012, il a également remporté quatre titres de champion du monde de voile handisport. Mais surtout, Damien Seguin s'est déjà engagé sur des courses au large, terminant 10e de la Route du Rhum en Class 40, en 2009, puis 8e en 2014.
Malgré son handicap, le navigateur a réussi à se faire une place, et a gagné le respect de ses pairs. "J'ai toujours fait de la course au large en m'adaptant au bateau, et pas en adaptant le bateau à mon handicap. Je pars avec le même matériel que tout le monde. C'est ma manière de respecter les autres concurrents", explique Damien Seguin, interrogé par Europe 1. "J'ai gagné le respect des autres marins, je suis considéré comme un skippeur comme les autres".
Le budget, nerf de la guerre. Pour le Tour de France à la voile, sur lequel il est engagé, le skippeur est soutenu financièrement par la Française des jeux, via une fondation. Mais le budget pour s'engager sur le Vendée Globe est nettement plus élevé, de l'ordre de 5 millions d'euros sur quatre ans, et nécessite une longue préparation."L'idée est de racheter un bateau assez vite après le Vendée Globe début 2017, pour commencer tout de suite à naviguer et pour me préparer activement pour 2020", espère Damien Seguin.
Pour pouvoir financer son rêve, le navigateur cherche donc à attirer des partenaires. "Pour pouvoir atteindre l'ambition d'être le premier skippeur handicapé à participer à une course de ce niveau là, ça passe par beaucoup de préparation. Mais ça passe aussi par l'accompagnement d'un ou deux sponsors sur quatre ou cinq ans, pour réussir ce formidable challenge", précise Damien Seguin. Il a attend notamment une prise de décision de la Française des jeux, à qui il a présenté son projet pour 2020.
La sécurité, nœud du problème. Pour autant, même s'il parvient à boucler son budget, le skippeur n'est pas assuré de pouvoir s'engager sur le Vendée Globe. Un tour du monde en solitaire pour un navigateur handicapé, sans escale et sans assistance, nécessite des garanties de sécurité. Ainsi, les organisateurs de la Solitaire du Figaro avaient, dans un premier temps, refusé son inscription en 2006. Finalement, il obtiendra gain de cause.