Trois victoires d'étape, quatorze jours en jaune, le Maillot à pois du classement de la montagne… Le cyclisme français s'est illustré sur les routes du Tour, cette année. Mais, alors que les performances de Thibaut Pinot et la résistance de Julian Alaphilippe ont fait naître les rêves les plus fous, un sentiment étrange prédomine à la vue des Champs-Élysées… "C'est un beau Tour de France mais il y a un goût d'inachevé", a admis au micro d'Europe 1 Marc Madiot, manager de l'équipe Groupama-FDJ, encore marqué par l'abandon de son leader, Thibaut Pinot, vendredi.
Un Thibaut Pinot qui a gagné en popularité, cette année, lui qui n'était pas venu sur le Tour en 2018. "Il est entré dans les écrans de télévision, dans chaque domicile français, donc automatiquement, il y a une répercussion, on le sent nous au bord de la route, quand on passe avec la voiture en avant-course ou après le peloton", explique Marc Madiot. "Il a franchi un pas supplémentaire dans la reconnaissance du public au sens large que l'on rencontre sur les routes du Tour."
Invité du Club Tour, vendredi, Marc Madiot a également analysé les performances d'Alaphilippe et de Bardet. "Romain Bardet sauve son Tour de France avec le Maillot à pois, c'est indéniable. Il a eu le moral pour le faire, donc on peut le féliciter pour ça, parce qu'il aurait pu sombrer complètement (après sa défaillance dans le Tourmalet, ndlr). Il s'est raccroché aux branches et est allé chercher le Maillot à pois, ce qui est tout à fait honorable. Après, pour Alaphilippe, il s'est embarqué dans un truc qui l'a un peu dépassé lui-même, je pense, avec la prise du Maillot jaune. Les jours s'enchaînant, les étapes défilant, il s'est mis dans un rôle de survivant jour après jour qu'il a presque mené à son terme. Lui, c'est l'un des grands bénéficiaires de ce Tour de France."
Pour nos grands témoins Thomas Voeckler et Patrick Chassé, il ne faut pas bouder son plaisir au moment de faire le bilan. "Bien sûr qu'on aurait espéré un autre dénouement, mais qui peut oublier les quatorze jours en jaune d'Alaphilippe ?", fait mine de s'interroger Thomas Voeckler. "Qui peut oublier la victoire de Thibaut Pinot au Tourmalet ou son panache quand il a attaqué à différents moments ? Qui peut oublier Romain Bardet qui redresse la tête après une défaillance qu'il n'avait jamais connue sur le Tour de France ? Bien sûr, on aurait aimé qu'un coureur français soit sur le podium, mais il faut aussi être beau joueur et féliciter Egan Bernal."
"Évidemment, il faut effacer la déception, mais si on regarde un peu en arrière, en dehors des déboires de Thibaut Pinot, qui est un énorme coup de malchance, les Français sont allés chercher un résultat", estime de son côté Patrick Chassé. "Bien sûr qu'on pourra regretter l'absence d'un bon classement général pour Romain Bardet, mais honnêtement, qui aurait dit aussi que Warren Barguil serait dans le top 10 au départ ? Il a été champion de France une semaine avant, mais il a été très à la peine pendant tout le printemps et pas épargné par les blessures, Il faut se satisfaire de ce Tour parce qu'il a permis de renouer une histoire d'amour entre l'épreuve et les Français qui avaient tendance à dire que le Tour devenait ennuyeux."
Au Pinot, Alaphilippe, Bardet et Barguil, 10ème du général, il conviendra d'ajouter les noms de Guillaume Martin (Wanty-Groupe Gobert), 12ème, et celui de David Gaudu (Groupama-FDJ), 13ème du général et 2ème du classement du meilleur jeune derrière Bernal et qui incarnent, eux aussi, l'avenir du cyclisme français.