Marseille, champion d'Europe en 93 : «Je faisais le tampon», Henri Stambouli revient sur une célèbre anecdote

Basile Boli (à gauche) buteur face à l'AC Milan en finale de la Ligue des champions 1993 aurait pu ne pas être aligné sur la pelouse.
Basile Boli (à gauche) buteur face à l'AC Milan en finale de la Ligue des champions 1993 aurait pu ne pas être aligné sur la pelouse. © PATRICK HERTZOG / AFP
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Romain Rouillard (propos recueillis par Jean-François Pérès) / Crédit photo : PATRICK HERTZOG / AFP
À l'occasion des 30 ans de la victoire de l'OM en Ligue des champions, Europe 1 dédie une partie de son émission "Europe 1 Sport" à cette formidable épopée. Au micro de Jean-François Pérès, Henri Stambouli, entraîneur adjoint de Raymond Goethals, est revenu sur cette fameuse consigne adressée au banc de touche par Bernard Tapie… en plein match.

Un coup de tête rageur pour un immense bonheur. Voilà comment les supporters marseillais décriraient le but inscrit par Basile Boli en finale de la Ligue des champions 1993. Un seul but qui suffira à écarter le grand AC Milan (1-0) et qui fera basculer la cité phocéenne dans l'ivresse la plus totale. Pourtant, ce coup de casque aurait pu ne jamais advenir en raison de la blessure persistante au genou dont souffrait Basile Boli depuis plusieurs semaines. Convaincu par Bernard Tapie, alors président de l'OM, le défenseur accepte de serrer les dents et l'entraîneur Raymond Goethals l'aligne dans son 11 de départ. Mais après un coup reçu sur son genou endolori à la 20e minute, l'intéressé réclame le changement. Pour Bernard Tapie, c'est le moment d'intervenir. Le "boss" saisit son talkie-walkie et ordonne au staff de conserver Basile Boli sur le terrain. 

 

Un épisode qu'Henri Stambouli a vécu de l'intérieur en tant qu'adjoint de Raymond Goethals. "Je faisais le tampon. Parce que Jean-Pierre (Bernès, directeur général de l'OM Nldr) recevait les informations du boss et voulait les transmettre à Raymond. Et Raymond lui disait 'non, non parles-lui toi !' Donc moi j'étais au milieu et c'était une partie de ping-pong", indique Henri Stambouli. Ce dernier se souvient avec précision de cet instant de flottement au moment où Basile Boli émet le souhait très clair de regagner le banc de touche. "Il n'est pas bien et Raymond, peut-être, veut le sortir mais il ne sait pas, il hésite. Derrière il y a Tapie qui dit 'non, non, je ne veux pas qu'il bouge' donc voilà, ça s'est joué à pas grand chose finalement", sourit-il. 

"Marseille, c'est un peu la folie"

Cette pression directe imposée par les plus hautes sphères du club, Henri Stambouli la comprend. "C'était quelqu'un qui était tellement pris par tout ce qu'il a fait dans ce club qu'il voulait le transmettre jusque sur le terrain. Il y a beaucoup de présidents comme ça", affirme-t-il. Mais selon lui, Raymond Goethals aurait, quoi qu'il arrive, fait le bon choix. "Raymond avait aussi cette capacité, de part son âge et son expérience, à savoir quand il fallait dire oui ou non et à gérer son chantier tout seul". 

 

Une chose est sûre : sans cette intervention directe de Bernard Tapie, Basile Boli n'aurait jamais fait trembler les filets du stade olympique de Munich. Or c'est bien ce but qui a offert à l'OM son premier titre européen et déclenché une effusion de joie dans les rues de la cité phocéenne. Des scènes de liesse encore bien fraîches dans l'esprit d'Henri Stambouli. "Ce sont des gens qui sont sur les poteaux électriques (…) On se dit 'mais ce n'est pas possible'. Et quand on est arrivés dans ce stade qui explose… Ce sont des moments magiques. Les communions à ce niveau-là sont exceptionnelles et transcendent tout le monde. Il y a une énergie, une folie qui se dégage. Parce que Marseille, c'est un peu la folie".