Le Ballon d’Or devait-il revenir à un champion du monde ? Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont critiqué le choix de récompenser le Croate Luka Modric au détriment des Bleus Antoine Griezmann, troisième, Kylian Mbappé, quatrième, ou encore Raphaël Varane, septième. "Un classement stupide. Le premier français est troisième. Qu’on ne me parle plus jamais du Ballon d’Or", a écrit Pierre Ménès sur Twitter, lundi soir. Le jury du magazine France Football n’a pourtant pas vraiment douté au moment de trancher, donnant une large avance au brillant milieu de terrain, vainqueur de la Ligue des champions pour la troisième fois consécutive avec le Real Madrid et finaliste de la Coupe du monde avec la Croatie. Europe 1 se penche sur les raisons de ce choix.
Gagner la Coupe du monde, loin d’être une assurance pour le Ballon d’Or. Gagner la Coupe du monde n’assure pas, loin s’en faut, de remporter le Ballon d’Or. Depuis sa création en 1956, le prestigieux trophée a récompensé à "seulement" six reprises un footballeur ayant gagné le Mondial. Il s’agit, dans l’ordre, de Bobby Charlton (Angleterre 1966), Paolo Rossi (Italie 1982), Lothar Matthaüs (Allemagne 1990), Zinédine Zidane (France 1998), Ronaldo (Brésil 2002) et enfin Fabio Cannavaro (Italie 2006).
0 - Aucun des 3 derniers gagnants du Ballon d’Or lors d’une année de Coupe du Monde n’a été lauréat de la compétition :
— OptaJean (@OptaJean) 3 décembre 2018
Luka Modric en 2018
Cristiano Ronaldo en 2014
Lionel Messi en 2010
Bizarre. pic.twitter.com/Sg360BNP6e
Trop de prétendants pour un seul pays. Les Français ont sans doute également été victimes de leur choix… de ne pas choisir. Dirigeants, médias, joueurs : personne n’a voulu trancher entre Griezmann, Mbappé et Varane, sans doute parce que la victoire des Bleus était avant tout collective, et non pas l’œuvre d’une seule individualité. "J’ai peur qu’avec trois joueurs potentiels, les votes se dispersent et que ça profite à Modric", s’inquiétait à raison le champion du monde Alain Boghossian, interrogé sur Europe 1 quelques jours avant la cérémonie. Un cas similaire s’était produit en 2010, année du sacre mondial de l’Espagne. Xavi et Andrès Iniesta, pourtant deux des plus brillants milieux de terrain de l’histoire, avaient été devancés par leur partenaire du FC Barcelone Lionel Messi.
Il faut avoir brillé en Ligue des champions… En plaçant Luka Modric, et surtout Cristiano Ronaldo devant les Bleus champions du monde, le jury du Ballon d’Or a donné une importance significative à la Ligue des champions. Le Croate, meilleur joueur UEFA de l’année, et le Portugais, meilleur buteur de la dernière édition, ont tous deux été essentiels dans la conquête par le Real Madrid d’une troisième C1 consécutive. Antoine Griezmann a, de son côté, été éliminé dès le premier tour avant de remporter la "petite" Ligue Europa, se montrant décisif en finale face à l’OM (3-0). Et Kylian Mbappé a subi la loi du Real en huitièmes de finale, avec le PSG.
… et ne pas être un défenseur. Raphaël Varane, lui, a brillé en Ligue des champions et à la Coupe du monde. Mais le Français partait avec un handicap quasi rédhibitoire : son poste. Dans un foot moderne qui fait la part belle aux artistes et aux buteurs, voir un défenseur décrocher le Ballon d’Or est devenu quasi inenvisageable. L’Italien Fabio Cannavaro, récompensé en 2006, n’est pas prêt d’avoir un successeur.