Le Stade toulousain, fort de son expérience des finales face à un adversaire totalement tétanisé par l'enjeu, a humilié Bordeaux-Bègles (59-3) vendredi à Marseille, s'octroyant avec panache son 23e Bouclier de Brennus et un troisième doublé Coupe d'Europe/Championnat.
Neuf essais à zéro et le plus gros écart de l'histoire des finales. Toulouse a fait plus que réciter sa leçon, emballant la rencontre dès les premières minutes pour toujours mener au score et surtout prendre le jeu à son compte. Ils ont prouvé qu'ils étaient plus qu'un grand club, au palmarès unique, à la génération dorée, faite pour gagner et partie pour durer. "Si on gagne demain (vendredi, ndlr) soir, avait confié l'arrière Thomas Ramos jeudi, on franchira un cap dans l'histoire de notre club, et de notre sport en général": c'est désormais fait.
Les Rouge et Noir étaient bien trop forts pour l'UBB
Face à des Toulousains cliniques, pragmatiques, beaucoup plus précis, rapides et disciplinés que leurs adversaires, les coéquipiers de Maxime Lucu ont eu beau défendre avec rage, tenter, essayer de joueur leur rugby, les Rouge et Noir étaient bien trop forts. Sur le banc, alors que les minutes s'égrainaient vers le coup de sifflet final, les Bordelo-Bèglais semblaient estomaqués, n'arrivant pas y croire, comme foudroyés.
Leur coach Yannick Bru avait pourtant prévenu jeudi qu'une finale, il faut la jouer, ne pas s'estimer déjà heureux d'y participer et surtout "ne pas en être spectateurs". C'est pourtant ce qu'ont semblé être les joueurs de l'UBB: fébriles, dans l'attente, trop figés par l'enjeu, cet enjeu terrible et excitant à la fois de remporter un premier Bouclier de Brennus. Leurs trois-quarts, si brillants durant la saison, ont été sevrés de ballons, à l'image de Damian Penaud. L'autre ailier de l'UBB, Louis Bielle-Biarrey, est quant à lui sorti prématurément, comme symbole de l'impuissance de la "Patrouille de France".
Les "paris" tentés par l'UBB n'auront pas été gagnant
Les "paris" tentés par l'encadrement de Bordeaux-Bègles, c'est-à-dire titulariser le pilier Ben Tameifuna et surtout l'ouvreur Mathieu Jalibert, à peine revenus de blessures mais finalement sans doute trop justes, ne se sont pas avérés gagnants. Jalibert, remplacé à la 54e minute, la tête basse et sous quelques sifflets, est ainsi à l'origine du premier essai toulousain, l'un de ses premiers coups de pied étant tombé directement dans les bras de Thomas Ramos.
Relançant le jeu, l'arrière toulousain a mis la machine rouge et noire en marche, jusqu'à l'essai en force d'Antoine Dupont, dès la 7e minute, son premier en finale du Top 14. L'autre pari du staff de l'UBB, faire jouer Tameifuna alors qu'il avait été annoncé forfait en début de semaine, n'a pas été des plus heureux non plus. Le pilier tongien n'a pas semblé au mieux et a accumulé les erreurs en mêlée, pénalisant ses coéquipiers, semblant souffrir à plusieurs reprises de l'épaule jusqu'à sa sortie à la 47e minute, sous les applaudissements de tout le Vélodrome.
Dupont a ensuite fait du Dupont : lui qui déjà accélérait le rythme, variant le jeu, depuis l'entame de la rencontre, s'est payé le luxe d'un doublé sur un exploit personnel. À la suite d'un maul, sur un ballon récupéré par Mauvaka, le capitaine du XV de France et futur joueur de l'équipe olympique à VII, a tapé un petit coup de pied pour lui-même, au-dessus de sa doublure chez les Bleus, Maxime Lucu, avant d'aller aplatir (22-3, 23e).
En deuxième période, les Toulousains, tout en maîtrise, se sont d'abord contentés de gérer, faisant rentrer tous leurs remplaçants pour que la fête soit totale. Avant que le match ne tourne au cauchemar pour l'UBB, avec une succession d'essais à partir de la 64 minute. Plus qu'une récitation, le match tournait à l'humiliation. Le Vélodrome pouvait chanter et la fête toulousaine commencer.