Google et Facebook seraient-ils des esclavagistes ? Du 7 au 9 juillet, Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, professeur à l’université Paris-Dauphine, organise les rencontres d'Aix-en-Provence consacrées à la recherche de nouvelles formes de prospérité. Invité dimanche de l'émission C'est arrivé demain, sur Europe 1, il s'insurge contre le côté intrusif des entreprises technologiques.
"C'est aux hommes de décider de l'avenir". L’épanouissement des individus, "c'est d'être bien soigné, bien nourri, bien protégé, d'être dans une bonne relation avec la connaissance, de progresser et évidemment d'avoir un emploi", selon la définition de Jean-Hervé Lorenzi. Il considère que "c'est aux hommes de décider de l'avenir qu'ils veulent se construire. Or nous sommes au tout début d'une révolution technologique qui a d’ailleurs bien d'autres aspects que le numérique." Une révolution qui échapperait à l'homme au profit des entreprises, selon lui. "Ça ne peut pas être aux entreprises technologiques de définir l'avenir dans lequel vivrons les générations qui viennent."
"Intrusion dans nos vies". Ce qu'il pointe du doigt ? Google, Facebook et consorts. Pour l'économiste, ces entreprises, avec leur data et leur philosophie de l'existence, menacent la liberté de l'individu et doivent être démantelées. Une analyse très violente pour des groupes qui font jusqu'alors plutôt rêver. Le professeur recadre : "Vivent la technologie, le progrès scientifique, les manipulations qui permettent de lutter contre les maladies génétiques". En revanche, "l'intrusion dans nos vies" l'insupporte. "La liberté des individus est aussi importante."
Séparer les filiales et donc les données. Pour "empêcher que le pouvoir soit capté par des entreprises", l'économiste propose de s’intéresser à la structure de ces entreprises. "Google est sous forme de holding avec toute une série d’entreprises qui sont des filiales. Démanteler, c'est juste exiger que les filiales de Google soient clairement séparées, qu'on ne puisse pas utiliser les données pour un autre objectif que celui qui a été autorisé. Ce n'est pas si compliqué." Les armes pour aller au bout de cette requête sont "le droit et la volonté politique (...) ces entreprises élargissent trop leur rôle et c'est cela qu'il faut rappeler", conclut-il.