L’E3, le plus grand salon dédié aux jeux vidéo au monde, a débuté dimanche à Los Angeles. Et parmi les nouveautés, cette année, il y a le "cloud gaming". Europe 1 est sur place et vous explique tout.
Jouer à la console... sans console
Pour faire simple, le "cloud gaming", c’est le jeu vidéo dématérialisé : vous n’achetez plus de console, à la place, vous prenez un abonnement à un service. Ensuite, ce sont les serveurs surpuissants de Google ou Microsoft qui s’occupent de tout et qui permettent de jouer à distance sur n’importe quel écran : ordinateur, télévision et même téléphone. Le "cloud gaming" devrait ainsi améliorer l’expérience pour les joueurs. Puisque ce sont les serveurs qui font tout le travail, ça assure une qualité maximale pour les graphismes et la fluidité des jeux.
" C'est un peu comme la vidéo avec Netflix. On dissocie la machine et le contenu. "
L'autre avantage du 'cloud gaming', c'est la mobilité. "Il arrive qu'on ait envie de jouer à son jeu du moment mais qu'on ne puisse pas car on n'est pas chez soi. Le 'cloud gaming' donnera accès à son catalogue de jeux n'importe où et n'importe quand", explique Stéphanie Perotti, vice-président d'Ubisoft en charge des services en ligne, au micro d'Europe 1. "C'est un peu comme la vidéo avec Netflix. On dissocie de plus en plus la machine et le contenu." L'éditeur français s'est ainsi associé avec Google pour proposer des jeux sur la plateforme Stadia.
Les joueurs devraient ainsi bénéficier des meilleurs jeux en permanence. "Aujourd'hui, c'est très difficile de transposer les jeux les plus avancés, les plus riches, sur smartphone. Demain, avec le cloud gaming, on pourra accéder à ces jeux-là sur n'importe quel écran", souligne Stéphanie Perotti. Et ce parce que la qualité ou la puissance de l'appareil ne sera plus un facteur déterminant. Grâce aux serveurs, votre ordinateur ou votre téléphone ne sera qu'un simple réceptacle.
Microsoft talonne Google
Clairement, le "cloud gaming" est l’avenir du jeu vidéo. A l'E3, les fabricants de consoles, les éditeurs de jeux et les joueurs ne parlent que ça. Pourtant, c’est Google qui a tiré le premier, avant même le début du salon. Le géant américain, qui n'est pas présent à Los Angeles, va lancer en novembre Stadia, son service de jeux sur abonnement avec deux formules : une gratuite avec jeux à télécharger et graphismes corrects et une autre à dix euros par mois avec de meilleurs graphismes et quelques jeux gratuits en bonus.
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Dans la foulée, Microsoft lancera xCloud, version dématérialisée de sa Xbox. On attendait beaucoup de la présentation annoncée lors de l'E3 mais elle a finalement été très succincte. Le projet xCloud va prendre deux formes. La première est assez classique, du pur 'cloud gaming'. "Si vous n'avez pas de console, vous pourrez utiliser xCloud, l'expérience Xbox via le cloud. Quand vous voudrez jouer à un jeu, des serveurs situés un peu partout dans le monde enverront les données vers votre téléphone, votre tablette, votre PC ou votre télévision et vous pourrez jouer sans avoir à acheter une console", détaille pour Europe 1 Hugues Ouvrard, patron de Xbox France.
Là où Microsoft se démarque de ses concurrents, c'est avec la deuxième option : xCloud permettra de transformer sa Xbox en un serveur personnel. "Les gens qui ont déjà une Xbox One pourront s'en servir pour streamer, pour envoyer leurs jeux vers leur téléphone et jouer dans le bus, dans le jardin, à la plage, etc. Cela se fera via l'application Xbox qui va allumer votre console et exécuter la demande", explique Hugues Ouvrard. Pour développer ce service de 'cloud gaming', Microsoft s'est allié à son rival Sony, preuve que les enjeux dépassent les divisions.
Conquérir toujours plus de joueurs
Il faut dire que les enjeux financiers sont colossaux. Le secteur du jeu vidéo pèse aujourd'hui 138 milliards d'euros par an, autant que toutes les autres industries culturelles réunies (musique, cinéma, VOD, etc). Mais si le jeu vidéo est un loisir très populaire, jouer peut néanmoins coûter cher. De 300 à 600 euros pour une console, jusqu’à 70 euros pour les gros jeux et encore quelques euros pour pouvoir jouer en ligne : la facture est vite salée. Et cela limite toujours le public potentiel.
Le 'cloud gaming' promet de casser cette barrière à l’entrée. Google propose un service gratuit ou à dix euros par mois et Xbox devrait sans doute s'aligner. Quant aux Français de Shadow, pionniers du cloud, ils proposent, eux, un ordinateur virtuel entier, pouvant donc servir à jouer, pour 30 euros par mois. "Grâce au streaming, beaucoup de gens vont pouvoir accéder très facilement aux meilleurs jeux", se réjouit Stéphanie Perotti. "Ils n'auront pas besoin d'acheter un PC ou une console, ni de les tenir à jour, pour jouer. Avec le 'cloud gaming', on va toucher beaucoup plus de joueurs partout dans le monde." La nouvelle ère du gaming a débuté.