La Cnil a interdit mardi à la ville de Nice de poursuivre le test de Reporty, une application israélienne permettant d'appeler la police en direct en vidéo depuis son téléphone portable, dans une décision aussitôt dénoncée comme "dogmatique" par le maire de la ville Christian Estrosi.
Une décision au profit des "terroristes". "Ce sont les terroristes et ceux qui veulent porter atteinte à notre démocratie qui bénéficient de cette décision", a accusé Christian Estrosi, dans un communiqué où il révèle la décision de la Commission nationale de l'informatique et des libertés quant à cette application testée depuis la mi-janvier dans sa ville.
La Cnil ne "vit pas avec son temps", selon Estrosi. "Une nouvelle fois, sans réelle explication ni motivation, la Cnil s'oppose aux initiatives prises en matière de sécurité en brandissant la protection des libertés individuelles comme étendard", regrette le maire de Nice, estimant que la commission "fait encore une fois la preuve qu'elle ne vit pas avec son temps". "Pourquoi est-ce que ce qui est juste en Grande-Bretagne, en Belgique ou en Allemagne serait condamnable en France", poursuit Christian Estrosi dans ce communiqué, en appelant à ce qu'"une autorité européenne soit réellement créée, en lieu et place de la Cnil".
"Il faut nous adapter en permanence". "L'expérimentation est évidemment suspendue", précise le maire de Nice, qui ajoute avoir saisi le ministre de l'Intérieur "pour qu'une base légale puisse être trouvée afin de pouvoir expérimenter ce type de technologie". "En tant qu'homme de droite, je considérerai toujours qu'on ne gagne pas la guerre avec les lois de la paix et qu'il nous faut nous adapter en permanence pour combattre la délinquance et le terrorisme, qui eux évoluent chaque jour", ajoute Christian Estrosi.
Un "processus de délation généralisée", selon l'opposition. L'application Reporty, développée en Israël par la start-up de l'ancien Premier ministre Ehud Barak, était actuellement en test auprès de 2.000 personnes, des agents de la ville de Nice, des comités de quartier ou encore des membres du réseau "voisins vigilants". Un bilan devait en être fait d'ici quelques jours.
L'opposition municipale socialiste avait dénoncé "une démarche contestable sur le fond et inadmissible sur la forme (...) qui ressemble à l'organisation d'un processus de délation généralisé". Nice, dont la police municipale est la première en France en effectif, est quadrillée par 1.950 caméras de vidéosurveillance, soit 27 au kilomètre carré, un record dans l'Hexagone.