Mardi 12 mars, Internet fête ses 30 ans, une révolution technologique qui a changé notre quotidien, le travail, les amitiés... Depuis cette date, vous avez sans doute tapé un nombre incalculable de fois ces trois lettres, WWW, world wide web : "la toile large comme le monde". Il a pourtant fallu attendre quelques années pour que l'on comprenne à quoi le web, crée le 13 mars 1989 en Suisse, allait bien pouvoir nous servir, et qu'il entre pleinement dans nos vies. Europe 1 vous refait le film.
"Des utilisateurs d’Internet, le réseau informatique mondial de données, vont bientôt pouvoir se faire livrer en pianotant sur leur clavier. Voici donc l’ère de la pizza électronique", annonçait en 1994 le correspondant d'Europe 1 à New-York. On n’avait encore rien vu ! "Le net, comme on l’appelle, préfigure les autoroutes de l’information sur lesquelles s’investissent en ce moment des sommes astronomiques", prédisait toutefois ce journaliste.
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La vie d'avant. Les blogs et les forums n’étaient pas démodés... puisqu’ils n’existaient pas encore. Avant le web, pas de mots de passe à retenir en pagaille. À l'époque, on appelait encore sa mère ou sa grand-mère pour des recettes de cuisine, on se fiait au bouche-à-oreille pour les recommandations de restos. On faisait les brocantes à la place de surfer sur le Bon coin et nos parents s’engueulaient devant la carte routière. Mais tout le monde ne semble pas regretter cette préhistoire, sans web.
Un "objet" du quotidien. Pour preuve : en 2019, nous sommes connectés en moyenne six heures par jour. Les sites les plus consultés sont Google, Youtube, Facebook, qui revendique 2,3 milliards d’utilisateurs actifs. Trois sites pornographiques se hissent aussi dans le top 20. Mais l’usage le plus courant est de se balader sur les sites marchands. Neuf personnes sur dix s’y rendent chaque mois. Résultat : le e-commerce pèse 60.000 milliards de dollars en 2019, selon les chiffres de l'ONU. C'est trois fois plus que le PIB des Etats-Unis.
La face obscure du web. Mais cette machine gigantesque n’a pas apporté que du bon. Le propre inventeur du web, Tim Berners-Lee, ne reconnaît plus sa créature. "Le web a échoué à servir l'humanité comme il aurait dû le faire", dit-il. Car le web est aussi une machine à broyer, qui génère de la haine. En France, le secrétaire d’Etat au Numérique, Mounir Mahjoubi, admet que la loi a toujours un temps de retard, surtout sur Internet. "Aujourd’hui la directive qui régule une grande partie des échanges sur Internet, date de 2004. En 2004, j’étais encore technicien chez Club internet. Il n'y avait pas Facebook en France. Et donc on a fait une loi qui correspondait vraiment à l’usage de l’époque", pointe ce responsable gouvernemental.
"On n’avait pas prévu que le web allait se transformer en un système où il y a dix grandes plateformes qui drainent quasiment l’intégralité du trafic", poursuit Mounir Mahjoubi. "On pense qu’entre le laisser-faire absolu d’un côté, et le sur-contrôle des Etats de l’autre, il peut y avoir un chemin entre les deux. C’est une régulation intelligente, qui rappelle la responsabilité qu’on a. Quand on a un pouvoir important, on a de grandes responsabilités. Ils [les grandes plateformes, ndlr] l’ont bien compris, et nous le leur faisons bien comprendre", assure-t-il, en référence à la future loi qui obligera notamment les réseaux sociaux à faire le ménage plus vite face aux contenus racistes, antisémites ou sexistes. À côté de ça, le web, quand même, ce sont aussi des outils démocratiques utilisés lors du printemps arabe en Tunisie et en Egypte, aujourd’hui en Algérie, sans parler des collectes de fonds, et de l’accès au savoir, notamment par Wikipédia.
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La planète bientôt entièrement connectée. Face à la rapidité d'évolution du web, bien malin celui qui sait à quoi il ressemblera dans 30 ans, en 2049. On sait déjà que tout le monde pourra y accéder ; plusieurs entreprises envoient des centaines de satellite dans l’espace, pour arroser chaque centimètre carré de la planète en débit internet. Car aujourd’hui, plus de 3,5 milliards de personnes ne sont pas encore connectées. De quoi poser la question de l’environnement, quand on sait que les serveurs du web émettent autant de CO2 dans le monde que les avions de ligne. On pourrait aussi parler des données personnelles, après pas mal de scandales. Enfin, il y a la nouvelle révolution que sera l’intelligence artificielle. Dans le web, et bien au-delà, c’est le fonctionnement de toute machine, de tout ordinateur, de toute usine qui sera transformé.