«Si rien ne bouge, on va droit dans le mur» : ces officiers de police judiciaire inquiets pour l'avenir de leur profession

Trop d’administratif, un manque criant de moyens, des journées à rallonge : être enquêteur de police ne fait plus rêver. Deux officiers de la PJ ont témoigné au micro d'Europe 1 être inquiets pour leur métier, pour lequel les volontaires sont de moins en moins nombreux.
Ils sont un maillon essentiel de notre sécurité au quotidien. Les officiers de police judiciaire (OPJ), plus communément appelé les enquêteurs, sont un peu plus de 22.000 en France, aux trois quarts des hommes.
Ce sont eux qui mènent les investigations dans le cadre d’affaires criminelles et délictuelles, comme celle concernant Mohamed Amra. Un travail de longue haleine qui demande beaucoup d’investissement. Problème, le métier est aujourd’hui en grande souffrance.
Une flamme qui s'éteint peu à peu
Deux d’entre eux dans le Grand-Est, dont les prénoms ont été modifiés, témoignent au micro d'Europe 1. "Par rapport à quand j’ai commencé, où 60 dossiers par enquêteur c’était beaucoup, maintenant, on avoisine les 200", avance David, officier de police judiciaire depuis 15 ans et dont la flamme s’éteint peu à peu.
Pierre n’est lui enquêteur que depuis quelques mois, mais dresse déjà le même constat. "On demande toujours plus avec autant, voire moins", regrette ce dernier. Les deux compères pointent également l'administratif comme un facteur clé de leur lassitude. Ils estiment consacrer environ un tiers de leurs journées à sa gestion.
"Tout le monde est à bout de souffle"
"On est matraqués par les différentes couches, les différents documents à mettre avec, en plus, des logiciels qui plantent une fois sur deux". "Nos PV (procès-verbaux ndlr) ne sont pas bons parce que le logiciel n’a pas été mis à jour, ce qui fait que toutes nos procédures doivent être retapées à la main. Tout le temps qu’on perd à faire de l’administratif, c’est du temps qu’on perd au détriment des victimes"... "Et des fois, on se demande clairement si on est encore policier", témoignent-ils.
Sans compter les heures supplémentaires rarement payées, au détriment de la vie privée. Et cela pour un salaire peu attractif : à peine 25€ de plus par mois, primes comprises, comparé aux autres policiers.
"Tout le monde est à bout de souffle donc ça n’attire pas", explique l'un, quand l'autre avoue qu'il "déconseillerait" à des proches d'exercer cette profession. Inquiets pour l’avenir de leur métier, David et Pierre l’assurent : "si rien ne bouge, on va droit dans le mur".