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TÉMOIGNAGES - Manque de moyens, charge administrative... Dans le Grand-Est, le blues des officiers de police judiciaire

Mélina Facchin (correspondante dans le Grand-Est) . 2 min

En charge des investigations dans le cadre d'affaires criminelles et délictuelles, le métier des officiers de police judiciaire est aujourd'hui en grande souffrance. Charge de travail, manque de moyens... Dans le Grand-Est, deux d'entre eux ont accepté de témoigner au micro d'Europe 1.

Ils sont un maillon essentiel de notre sécurité au quotidien : les officiers de police judiciaire (OPJ), qu’on appelle plus communément les enquêteurs. Ils sont un peu plus de 22.000 en France, aux trois quarts des hommes. Ce sont eux qui mènent les investigations dans le cadre d’affaires criminelles et délictuelles.

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À titre d’exemple, c’est notamment grâce à eux que Mohamed Amra a pu être interpellé. Les OPJ dirigent les opérations sur le terrain, collectent des preuves, interrogent des témoins. Un travail de longue haleine qui demande beaucoup d’investissement. Et pourtant, le métier est aujourd’hui en grande souffrance. Trop d’administratif, un manque criant de moyens, des journées à rallonge... Être enquêteur de police ne fait plus rêver.

Deux d’entre eux dans le Grand Est ont accepté de témoigner au micro Europe 1. Pour protéger leur identité, leurs prénoms et leurs voix ont été modifiés.

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Charge de travail

"Depuis tout petit, j’ai toujours eu envie de faire ce métier. L’envie de chercher, l’envie de trouver et d’aider les gens". David* est officier de police judiciaire depuis quinze ans. Aujourd’hui, la flamme qui l’animait s’éteint peu à peu : "Quand j’ai commencé, on avait 60 dossiers par enquêteur, on considérait que c’était beaucoup. Maintenant, on avoisine les 200", raconte-t-il.

Pierre* n’est enquêteur que depuis quelques mois. Mais il dresse déjà le même constat. "On demande toujours plus avec autant voire moins", explique-t-il simplement. Et les deux officiers perdent énormément de temps à gérer tout l’administratif : environ 30% de leurs journées.

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"On est matraqué par les différentes couches, les différents documents à mettre avec, en plus, des logiciels qui plantent une fois sur deux", détaille David. "Nos PV (procès verbaux) ne sont pas bons parce que le logiciel n’a pas été mis à jour, ce qui fait que toutes nos procédures doivent être retapées à la main. Tout le temps qu’on perd à faire de l’administratif, c’est du temps qu’on perd au détriment des victimes", assure Pierre. "Et des fois, on se demande clairement si on est encore policier", complète David.

"Maintenant, on doit presque en désigner d’office"

Sans compter les heures supplémentaires rarement payées, au détriment de la vie privée. Et cela pour un salaire peu attractif : à peine 25 euros de plus par mois, primes comprises, comparé aux autres policiers. Alors forcément… "L’investigation ne fait plus rêver, tout le monde est à bout de souffle donc ça n’attire pas", confie Pierre.

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"Il y a quelques années, ça se bousculait au portillon pour passer l’examen d’officier de police judiciaire. Maintenant, on doit presque en désigner d’office. Clairement, à des proches, je déconseillerai de le faire", répond David. Inquiets pour l’avenir de leur métier, David et Pierre l’assurent : "si rien ne bouge, on va droit dans le mur".