Cannes 2018, c’est parti ! Cate Blanchett, présidente du jury, a déclaré ouvert le 71ème Festival de Cannes, mardi soir. Entourée de son jury, elle a prononcé un discours express - mais peu engagé, épaulée par le maître de cérémonie Édouard Baer. Auparavant, les stars présentes sur la Croisette, dont l’équipe du film d’ouverture Everybody Knows, ont paradé sur le tapis rouge devant le crépitement des flashs des photographes, traditionnel instant glamour du festival. Retour sur une cérémonie d’ouverture entre glamour et politique.
Des stars à gogo sur le tapis rouge
Qui dit Festival de Cannes, dit tapis rouge et défilé de stars. Les femmes avaient revêtu leurs plus belles robes de soirée tandis que les hommes portaient leur smoking le mieux ajusté pour parader devant les objectifs des centaines de photographes et monter les marches du Palais des festivals. Les cinéphiles massés sur la Croisette ont ainsi eu la chance d’apercevoir Isabelle Adjani, Martin Scorsese, Benicio del Toro, Julianne Moore, Leïla Bekhti.
Les membres du jury ont également défilé. Derrière la présidente Cate Blanchett, Léa Seydoux, Kristen Stewart, Chang Chen, Ava DuVernay, Robert Guédiguian, Khadja Nin, Andreï Zviaguintsev et Denis Villeneuve ont posé bras dessus, bras dessous devant les photographes. "Je serai une présidente à l’écoute, pas un dictateur. Nous avons un jury extraordinaire et nous allons prendre les décisions tous ensemble", a déclaré Cate Blanchett au micro de Canal+.
Édouard Baer pour lancer la soirée
En tant que maître de cérémonie, c’est à Édouard Baer qu’est revenu le privilège d’entamer. Après un extrait célèbre de Pierrot le Fou, le classique de Jean-Luc Godard qui illustre l’affiche du festival 2018, dans lequel Anna Karina se demande "Qu’est-ce que je peux faire ?", le comédien et animateur de radio a enchaîné. "Est-ce que quand Jean-Luc Godard réalise Pierrot le Fou, il sait ce qu’il fait ? Je ne crois pas non. Nous ne sommes pas Godard mais à nous de saisir l’inspiration", a lancé à la salle Édouard Baer, prélude d’un discours échevelé retraçant le processus de création d’un film, du rêve à la présentation un jour, pour les plus chanceux, au Festival de Cannes.
Édouard Baer enclenche le mode Édouard Baer. Il peut tenir 2h22 comme ça je suppose. #Cannes2018
— L'Arrière Cuisine (@ArriereCuisine) 8 mai 2018
"Quand un film est sélectionné, il rejoint les films chéris, détestés, les films de contrebande, de pacotille, de souvenirs", s’est enflammé Édouard Baer, accompagné par un pianiste. "Finalement, ce soir, on est tous ensemble pour assister à une séance de cinéma", a-t-il ajouté avant de conclure sur une note plus politique. S’adressant en anglais aux festivaliers, il a osé une remarque piquante : "J’espère que vous avez fait bon voyage, que personne ne vous a empêché de passer la frontière, comme certains tentent de le faire dans les Alpes en ce moment, enfin bref…". Fait assez rare pour être souligné, c’est ensuite Thierry Frémaux qui a présenté un à un les membres du jury.
Le discours express de Cate Blanchett
Le discours de Cate Blanchett, actrice très engagée pour la représentation des femmes dans le 7ème art, était forcément très attendu pour le premier Festival de Cannes depuis l'affaire Weinstein. Finalement, l'actrice australienne est restée très sobre. Après un montage de ses rôles les plus marquants, d'Elizabeth à Blue Jasmine, en passant par Le Seigneur des Anneaux, Carol et I'm not There, la présidente du jury est montée sur scène sous les applaudissements. "Mesdames, mesdames, mesdames et messieurs, bonsoir", a-t-elle commencé.
Des prémices féministes pas franchement suivis derrière. "Je suis extrêmement honorée d’être la présidente de ce jury composé de personnes incroyables. Notre tâche réjouissante est d’ouvrir nos cœurs et nos esprits aux récits qui vont nous être montrés pendant ce festival", a dit Cate Blanchett lors d’un discours introductif très court. "Merci beaucoup et bon festival !", a-t-elle conclu en français dans le texte. Après quelques intermèdes, elle a déclaré ouvert, conjointement avec Martin Scorsese, le 71ème Festival de Cannes.
Juliette Armanet fait tourner Les Moulins de mon coeur
Alors que la soirée semblait toucher à sa fin après la diffusion des extraits des films en compétition, Édouard Baer a sorti un atout de sa poche : Juliette Armanet. La chanteuse, révélée en 2017 avec son premier album Petite Amie, est montée sur scène pour interpréter un classique : Les moulins de mon cœur, adaptation française de la chanson The Windmills of your mind, écrite par le compositeur Michel Legrand pour le film L'affaire Thomas Crown, sorti en 1968, avec Steve McQueen et Faye Dunaway. Une prestation suspendue dans le temps.
Il y a 50 ans, mai 1968.
— CANAL+ (@canalplus) 8 mai 2018
Au même moment sortait "L'Affaire Thomas Crown", avec une musique de Michel Legrand, reprise ce soir par @juliettearmanet
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Farhadi, Cruz et Bardem en ouverture
Dans la foulée de la cérémonie d’ouverture, le festival a commencé sur les chapeaux de roue avec la projection du premier film en compétition : Everybody Knows, de l’Iranien Asghar Farhadi. "J’adore le film et j’espère que le public l’aimera aussi. Je sais que le festival peut être difficile mais en même temps il peut être palpitant. Je pense à Pedro Almodovar, on a vécu tellement de choses ensemble à Cannes", a déclaré Penélope Cruz, tête d’affiche du huitième film d’Asghar Farhadi, en montant les marches.
"Je suis très excité, venir ici pour le film d’ouverture, un film d’auteur dans lequel je joue avec ma femme, c’est génial. Everyody Knows est un grand film", s’est réjoui son compagnon et partenaire à l’écran Bardem, prix d’interprétation masculine à Cannes en 2010 pour Biutiful d’Alejandro Iñárritu. Le film d’Asghar Fahradi pourrait bien repartir avec un ou plusieurs prix : les deux derniers longs-métrages de l’Iranien en compétition (Le Client et Le Passé) avaient été récompensés au palmarès cannois.