Ce n’est rien de moins que le plus grand festival de théâtre du monde. Comme chaque année, le palais de Pape et la ville d’Avignon vont accueillir, du 4 au 23 juillet, des dizaines de milliers de visiteurs (plus de 150.000 l’an dernier), une soixantaine de pièces et pas moins de 400 rendez-vous théâtraux. Mais connaissez-vous l’histoire de cet événement planétaire ? Plongez aux origines du Festival d’Avignon avec notre chroniqueur Fabrice D'almeida.
"Dès juillet 1947, Christian Zervos, un galeriste d’art et René Char, le poète, avaient prévu une exposition en Avignon. Ils ont demandé à leur ami Jean Vilar de déplacer une pièce qu’il avait montée, sur place, pour qu’elle ait lieu à cette date. Et Vilar a même dépassé leur désir et proposé trois spectacles dans trois lieux différents, dont la cour d’honneur du Palais des papes. Et les trois hommes ont convaincu le maire communiste Georges Pons de lancer l’opération. Cette semaine de théâtre est un succès et depuis la municipalité a maintenu ce qui est devenu la grande fête du théâtre au monde.
Problème : le festival ne s’est pas toujours entendu avec le pouvoir…
Jean Vilar et ses successeurs croyaient dans le théâtre révolutionnaire, sa capacité à pousser le peuple à changer le monde. C’était la grande époque des intellos communiste, comme Gérard Philippe, ou de gauche comme Ariane Mnouchkhine. Avignon a donc été en délicatesse avec le pouvoir gaulliste. Mais paradoxalement, Vilar a également été vilipendé par l’extrême gauche en 1968, qui perturbe le festival en hésitant pas à le comparer à au dictateur Salazar.
Tout change, toutefois, avec l’alternance en 1981…
Le 10 juillet 1981, le tout nouveau président François Mitterrand se rend au festival. Il est accompagné de tout un aréopage d’artistes et de gens de scène : Jean-Pierre Darras, Pierre Vaneck, Marcel Maréchal ou Ariane Mnouchkhine y étaient. Jack Lang, le ministre de la Culture, faisait le guide avec Bernard Faivre d’Acier, le président du festival. Mitterrand avait alors confié aux journalistes être déjà venu : en 1974, voir le capitaine fracasse dans la cour d’honneur, après sa défaite à l’élection présidentielle. Avignon vivait sa lune de miel avec le pouvoir.
Avec les successeurs de Mitterrand, les choses changent. Mais Avignon n’en est pas moins resté un festival politique.
Chirac et Sarkozy n’y sont pas allés en grandes pompes. Mais François Hollande a renoué avec le geste mitterrandien. Le président Macron n’est pas indifférent au festival, lui qui a pris des cours de théâtre avec une certaine Brigitte Trogneux. Et de fait, Olivier Py, le directeur du festival, a reçu la légion d’honneur, en présence de la première dame en février dernier au ministère de la culture. Aujourd’hui le festival est donc toujours au cœur du pouvoir".