Un moment fort. Le philosophe Alain Finkielkraut, 66 ans, a fait son entrée, jeudi, à l'Académie française, un moment fort pour ce descendant de juifs polonais dont le père est un rescapé du camp d'Auschwitz et qui a affirmé : "C'est à n'y pas croire."
Une pensée pour ses parents. "C'est aux miens que je pense", a confié Alain Finkielkraut, 66 ans, en préambule de son discours d'intronisation prononcé debout au milieu des académiciens réunis au grand complet, en présence du Premier ministre Manuel Valls. "À mes parents bien sûr, qui ne sont pas là pour connaître ce bonheur: l'entrée de leur fils à l'Académie française alors que le mérite leur en revient", a ajouté le philosophe, connu pour ses emportements et son ardeur à défendre l'identité française ou l'école républicaine.
Habitué des plateaux de télévision, l'essayiste à succès avait été élu en 2014 au premier tour par 16 voix sur 28, mais son nom avait été barré d'une croix, en signe de désaveu, sur huit bulletins.
Un hommage à son prédécesseur. Comme le veut la tradition, l'auteur de L'identité malheureuse a fait l'éloge de son prédécesseur sous la Coupole, le dramaturge d'origine belge. Reporter à Radio Bruxelles entre 1940 et 1942, ce dernier fut condamné par contumace à la Libération à 15 ans de prison pour collaboration avant que le général de Gaulle ne lui accorde la nationalité française. "Un défenseur exalté de l'identité nationale, oublieux de ses origines vagabondes et astreint à faire l'éloge d'un collabo: il n'y a pas de hasard, pensent nos vigilants, et ils se frottent les mains, ils se lèchent les babines", a lancé Alain Finkielkraut.
Avant la cérémonie, ses amis lui avaient remis son épée d'académicien. Sur cette arme symbolique, le philosophe a demandé que soit gravée : une vache normande, un Aleph, première lettre de l'alphabet hébraïque, et cette phrase de Charles Péguy qui résume son engagement: "La République Une et indivisible, notre royaume de France".