A défaut de la chanter, ils ont "mis la fièvre" mais la température est trop souvent redescendue : NTM, reformé par JoeyStarr et Kool Shen pour ses 30 ans d'existence, a offert un show généreux, emprunt de nostalgie, mais inégal jeudi à Bercy.
Le feu dès l'entame. Dix ans après avoir célébré leurs vingt ans dans la même salle parisienne, les deux rappeurs désormais quinquagénaires étaient attendus. Autant par des VIP (Alain Chabat, Gilles Lellouche, Valérie Lemercier, Olivia Ruiz...) que par les fans anonymes de la première heure, désormais habillés en costume-cravate pour les uns, accompagnés de leurs enfants adolescents pour les autres. Soudain des basses vrombissantes font trembler le sol. La pression monte d'un coup sec. Le public déjà bouillant exulte à l'apparition des trois immenses lettres en rouge "NTM" devant l'écran géant. De chaque côté de la scène se distinguent deux djs, chacun sur un perchoir estampillé 9 et 3 (pour 93, Seine-Saint-Denis). Surgissent alors les deux lascars pour une tonitruante entame avec On est encore là, prophétique morceau issu de leur 4e et dernier album Suprême NTM paru en 1998. Déchaînés, ils poursuivent avec Qu'est ce qu'on attend et parviennent, croit-on alors, à déjà "mettre le feu".
"Rangez vos téléphones". L'énorme ovation après à peine deux morceaux est méritée. Le duo savoure face à une nuée d'écrans mobiles qui se lèvent pour capter l'instant. De quoi énerver JoeyStarr derrière ses lunettes fumées : "arrêtez vos réflexes de prépubères et rangez vos téléphones. Un concert, ça se vit". Les spectateurs s'exécutent illico. Idem pour certains autres lorsque NTM chante Passe passe le oinj. Tout n'est pas si facile, Chacun sa mafia prolongent l'état de grâce de Kool Shen et JoeyStarr dans ce premier quart de concert à deux.
Baisse de régime. Mais vite, ils accusent une baisse de régime, pas vraiment compensée par les premiers invités de la soirée, Raggasonic, Busta Flex et Grain. Tout juste un soubresaut se produit-il sur Pose ton gun, porté par les cris gutturaux de JoeyStarr. Trop souvent, les deux compères plutôt taquins et complices pour leurs retrouvailles scéniques, imposent des petites pauses, histoire de reprendre leur souffle, notamment en faisant courir de gauche à droite le public. L'ambiance bon enfant vire légèrement à la kermesse et le rythme du concert finit par faire du yoyo, tandis que certaines chansons ne durent pas deux minutes, loin de leurs versions originelles.
Ma Benz réchauffe l'ambiance. Heureusement, le gros tube Ma Benz exécuté dans une ambiance peep-show comme dans le clip de 1998, réchauffe d'un coup le show. JoeyStarr est soudain revigoré, toutes dents en or dehors, au milieu de danseuses en mini-shorts, certaines en mode pole dance autour d'une barre verticale. "J'aurais pu parler de la journée de la femme, mais je me serais fait cracher dessus", blague-t-il après avoir remercié ces dames. Lors du rappel festif conclu en communion avec le public, n'aura manqué à l'appel que La fièvre. "Moi, ce morceau, il me fait ch...", justifie sèchement JoeyStarr. Dommage, tout le monde l'attendait pour une ultime poussée.