Le 13 novembre ne sera plus jamais une date comme les autres. Il y un an, les attentats dans Paris faisaient 130 victimes, notamment au Bataclan. Pour ne pas voir la salle comme associée seulement et définitivement au terrorisme, Philippe Manœuvre et Stéphane Basset célèbrent le lieu mythique dans un livre, Bataclan, une vie de spectacles. Un documentaire sera aussi diffusé dimanche soir sur France 2 à 23h25. Le journaliste était l'invité d'Europe 1 Music Club pour présenter cet hymne à un espace à l'histoire artistique bouillonnante.
Un café-concert. Le Bataclan a proposé plus de 1.100 spectacles. "C'est un ancien café-concert construit dans les années 1860, raconte Philippe Manœuvre. C'est une salle où il n'y avait pas de sonorisation mais où des gens se produisaient pour 800 personnes en chantant à voix nue. Donc l’acoustique était formidable. A l'époque, un tour de chant durait six morceaux, les types hurlaient d'une voix de stentor. Les gens mangeaient, buvaient, il y avait des vendeurs de cocaïne. C'était un peu le boulevard du crime mais bon enfant."
Un cinéma. Puis le cinéma fait son entrée dans le monde. Les Parisiens en ont marre du café-concert. "Ils veulent des westerns, de la modernité". La salle se transforme en ciné, du jour au lendemain. Finalement, en 1969, alors qu'il y a peu d'espaces à Paris consacrés notamment au rock, le groupe Soft Machine va refaire du Bataclan un lieu de concert. En cherchant une salle, ils tombent sur un gamin qui leur conseille de louer le ciné près de chez lui. Le gamin, c'est Assaad Debs. (Il deviendra promoteur musical et fera tourner Eric Clapton ou encore Bryan Ferry.) L'affaire de Soft machine et du Bataclan se conclut. Le concert est un carton. Une nouvelle vie est née pour la salle.
Une nouvelle salle. Pour préparer le documentaire hommage, des chanteurs aussi variés que Julien Clerc, Zazie, NTM, les Metallica ont été interviewés, mais aussi des comiques comme Jean-Marie Bigard qui y est resté cinq mois à l'affiche. Le Bataclan, c'est un lieu "où il y avait cette vibration, cette sensation de maison, du papier peint qui devait dater de 1926 dans les loges", raconte encore Philippe Manœuvre qui retournera mercredi dans la salle rénovée, pour y voir Pete Doherty."Le Bataclan, c'est un lieu de vie, c'est un espace de bonheur. 1.000 fois, on a vu des spectacles joyeux. La vie doit continuer. Les gens qui viennent faire ces actes abominables, barbares, terroristes, ce sont des monstres. On tire la chasse, on dégage, on passe à la suite et la suite, c'est que le Bataclan va redevenir une salle de spectacles.